Le petit garçon triste et la fillette hilare

Ambavalao (Madagascar) - Je suis à Ambavalao, la porte d’entrée sur le Sud de la Grande-île. C’est la seconde fois que je viens dans cette grosse bourgade. C’est ici que se tient, chaque jeudi, le second marché - par son importance - aux zébus de Madagascar. Chaque semaine un millier de têtes de bétail convergent vers Ambalavao. Un vrai spectacle qui attire parfois quelques touristes.

Je suis arrivé avec quelques jours d’avance car j’aime bien l’ambiance du lieu. Face à mon modeste hôtel, se trouve un grand marché permanent. C’est toujours l’occasion de faire quelques photos. Comme je suis matinal, il me suffit de traverser la rue pour assister à l’arrivée des paysans venus vendre leurs productions de fruits et légumes, ou des poulets qui ne passeront pas la journée.

Pour la photo d’aujourd’hui, j’ai commencé à photographier la petite fille - la fille du boucher. Elle était ravie. C’est elle qui m’a demandé de faire une photo de son petit voisin.
Lui, visiblement n’est pas très enthousiaste. J’allais abandonner car si je prends du plaisir à photographier les gens, je refuse que ce soit une gène pour eux ou perçu comme une humiliation.

La petite fille lui crie quelque chose en malgache que je ne comprends pas. Alors que je tourne les talons, l’enfant m’attrape par la manche. Sans un mot il se met le dos au mur et regarde mon appareil photo. J’ai le sentiment que s’il veut se faire photographier, c’est pour faire plaisir à la petite fille.

Je décide d’expédier la photo pour le laisser tranquille. Je cadre approximativement et m’apprête à déclencher sans conviction, lorsque j’aperçois dans mon viseur, en arrière plan, la petite fille hilare. La photo prend alors une autre dimension. En une seconde et demi, j’affine mon cadrage en intégrant la fillette dans ma composition. Voilà le résultat. A vous de juger.