L'effet des pirogues sur la déforestation

Madagascar - Cette série peut donner le sentiment - renforcé par le choix du N&B -, que les photos ont été prises bien avant 2016.
Pour contrebalancer ce sentiment, je présente ici une photo à l’aspect plus «contemporain» avec ce piroguier à casquette, vêtu d’un T-shirt manufacturé. Cette image n’a rien de spectaculaire, mais elle illustre le paradoxe malgache dont le style de vie oscille entre un monde depuis longtemps disparu en Occident et l’envie des autochtones d’accéder à la société de consommation.

Mais même avec un style de vie moyenâgeux, ce type de pirogue participe activement à la déforestation. Cette embarcation est creusée directement dans un tronc d’arbre de faible densité. Ce bois -souvent une essence rare- se travaille facilement d’où son succès.

Pour des pirogues malgaches comme sur la photo, dont certaines mesurent plus de 10 mètres de long, il faut sacrifier un arbre de plus de 90 ans. En raison d’un usage intensif et le manque d’entretien des embarcations, la durée de vie des pirogues n’excède pas 5 ans. Et si en Occident tout le monde a une voiture, ici on dénombre deux à cinq pirogues par famille.

De sorte que la construction navale, malgré des techniques artisanales, est la deuxième cause de la disparition des forêts malgaches. Mais loin devant, c’est la conversion des forêts en terres agricoles qui est la principale cause de cette déforestation galopante.

Une lueur d’espoir cependant ; la perte des superficies forestières a légèrement fléchi ces dernières années en raison d’un programme de reboisement mené avec l’aide financière de l’Inde et de la Chine. Ce dernier pays peut bien faire cette aumône pour l’environnement malgache. Il lui prend tellement.