Portrait des champs

Bogdan voda (Roumanie) - Le Maramures est une province paradoxale. Les enfants de la région qui ont émigré après l’effondrement du rideau de fer ont changé la physionomie de cette région qui vivait depuis toujours en quasi-autarcie. Ils ont massivement investi pour leurs vacances, dans des habitations modernes en béton, qui défigurent cette ancienne enclave coincée entre l’Ukraine et la Hongrie. Les maisons traditionnelles en bois finement sculpté qui faisaient le charme de la région, tendent à disparaître. L’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne n’a fait qu’accélérer le processus.
Pourtant, les anciens, sans refuser la modernité imposée par leurs enfants qui vivent désormais dans le reste de l’Europe et en Amérique du Nord, continuent de travailler aux champs, comme l’ont toujours fait leurs ancêtres. La mécanisation est encore loin d’avoir détrôné le travail manuel. Ils ont également conservé de cette époque pas si lointaine, le sens de l’hospitalité et une réelle gentillesse.
Je peux attester de cette réalité car en me promenant dans quelques vallées, je me suis arrêté à plusieurs reprises sur le bord des champs, afin de photographier ces scènes champêtres issues d’un autre âge. A chaque fois que j’ai demandé l’autorisation de photographier, j’ai été accueilli à bras ouverts. Tous, sans exception, semblaient réellement honorés de ma demande. Seul problème, c’est qu’ils prennent systématiquement la pose lorsque l’on braque sur eux un appareil photographique. Des photos certes un peu figées par rapport à ce que je recherche habituellement. Mais je ne vais quand même pas faire la fine bouche face à des gens si sympathiques et disponibles.