L'art de maitriser les perspectives

Nawalgarh (Inde) - Faire de la photo d’architecture n’est pas chose aisée si l’on ne dispose pas d’un objectif à décentrement qui a la caractéristique de redresser les perspectives. Avec un objectif classique ces perspectives ont tendance à partir en biais. Une déformation accentuée si l’on manque de recul et que l’on utilise un grand angle.

N’ayant pas d’objectif à décentrement, lors de ce reportage, je me suis souvent creusé la tête pour obtenir le meilleur compromis entre la réalité architecturale des plans larges et les limites techniques liées aux lois de l’optique.

Il est maintenant possible de corriger ces déformations optiques en post traitement. Mais pour que cela fonctionne il faut avoir de la marge de plusieurs centimètres sur les bords car on taille obligatoirement dans la photo. Et comme je calcule mes cadres au millimètre, le recours au logiciel de correction n’est pas possible sous peine de dénaturer mes photos telles qu’elles ont conçues.

Mais pour ce reportage, d’autres difficultés se présentent à moi. Comment obtenir une photo cohérente lorsque je veux lui adjoindre un ou plusieurs éléments humains, conformément à ma ligne éditoriale. Je suis avant tout un photographe de l’humain.

Le principal handicap est l’étroitesse des rues qui empêche de prendre du recul. De sorte que souvent les havélis sont rarement représentées dans leur intégralité.

Après avoir passé deux jours à me répertorier les fresques en plans serrés ou d’en avoir photographié les détails, -ce qui somme toute, est relativement facile -, j’ai passé le reste de la semaine à tenter de photographier l’Inde d’aujourd’hui sur fond d’havélis. Et là, cela n’a pas été une partie de plaisir.

Si le fond d’une photo à toujours eu pour moi beaucoup d’importance, cette fois je me suis retrouvé face à un véritable challenge. Composer une image harmonieuse d’hommes et de femmes dans leur quotidien sur fond architectural est un vrai casse-tête car les deux éléments ont la même importance.

Pour la photo ci-dessus je n’ai pas eu d’autre alternative que de monter sur le rebord d’un mur et de cadrer verticalement pour contenir au mieux les perspectives de la maison à l’arrière plan.

Pour l’anecdote, derrière la porte fermée que l’on voit pratiquement de face (à droite de l’image), se trouve… Un salon de coiffure. Mais ce jour là, c'était le jour de repos du coiffeur.

Voir le PIP sur le recyclage d'une havéli : www.ipernity.com/doc/1922040/50484562