"Ah ! Bruxelles et Strasbourg, le parlement, son brouhaha linguistique... et sa cohorte d'interprètes. Et les candidats aux élections européennes, combien de langues parlent-ils? Souvent peu, et la question en gêne plus d'un. «Ouh, c'est une question précise», soupire d'emblée Christophe Béchu, tête de liste UMP dans le Sud-Ouest, qui parle allemand et anglais. «La langue parlée était censée être dans le critère de choix des candidats, mais à vrai dire on ne me l'a jamais demandé!», explique Aurélie Filippetti, troisième sur la liste Est du PS. «Vous êtes bien les premiers !» (...)

C'est par ces mots que commençait l'article de Mediapart

sur les compétences linguistiques des candidats français aux Européennes de 2009. Pour des raisons de légalité, je ne peux le citer intégralement, mais vous vous en doutez, les trois rédactrices soulevaient un sacré lièvre: non, même si on est issu de la classe moyenne, si on a fait des études, il n'est pas évident de parler (même de façon médiocre) plusieurs langues. Et même l'anglais n'est pas forcément maîtrisé par les acteurs du monde politique.

Il s'ensuivit une discussion, et émergèrent les inévitables "C'est une honte pour les Français de ne pas mieux parler anglais", auxquels, bien évidemment, je répondis.

Voici ci-dessous les argumentations que j'y ai développées:

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Un des commentateurs écrivait: "Pour les compétences linguistiques, nos députés européens sont à l'image de notre maîtrise de la langue anglaise (et des langues étrangères en général) : médiocres voire nuls ...
J'ai rencontré pas mal de Français à l'étranger essayant de s'exprimer en Anglais, généralement, c'est laborieux et parfois pitoyable. La pratique écrite des Français en Anglais est honorable. La pratique orale laisse fort à désirer et ce n'est pas l'apprentissage en école primaire qui a fait progresser le niveau. Je suis bien placé pour le constater, à de rares exceptions près, l'inefficacité domine."

Ma réponse:

Personne n'est jamais "nul" en quoi que ce soit. On peut être faible, voire très faible, mais le terme de "nul", appliqué aux compétences de qui que ce soit, dans quelque domaine que ce soit, devrait être rayé du vocabulaire des gens. C'est une position que défend Albert Jacquard. Tout le monde sait quelque chose, et tout le monde peut le valoriser... Ce genre de position de Jacquard est un élément de l'Humanisme.

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Une autre: "J'ai rencontré pas mal de Français à l'étranger essayant de s'exprimer en Anglais, généralement, c'est laborieux et parfois pitoyable.
Absolument exact. Une honte. Dans les conférences, il faut lire le texte écrit pour les comprendre... En général, les exceptions rares confirmant la règle. .
Et en allemand, c'est encore pire....
Les journalistes ont oublié d'interroger Nathalie Griesbeck (MoDem) qui parle bien l'allemand et l'anglais."

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Moi: Cela n'a rien de honteux. Ce qui est honteux, c'est de penser que tout le monde doive obligatoirement être conforme à un "profil" prédéterminé qui soit un copié-collé de la classe dominante. Ces personnes que vous vilipendez ont peut-être de nombreux autres talents, ils sont peut-être de bons musiciens, des parents exemplaires, et peut-être même parlent-ils mieux l'espagnol ou l'italien que l'anglais. Juger une personne sur ce type de choses est lamentable.

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un troisième: "C'est sur que l'italien est beaucoup plus utile que l'anglais. Desole de dire que l'Italien en sert a rien, a part en Italie. Dire le contraire est demaguo."

(je laisse les fautes de frappe...)

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réponse: Mais bon sang de bois! N'y a-t'il que les choses immédiatement "utiles" qui comptent dans la vie, et surtout dans l'élaboration des sociétés humaines?
Dans ce cas-là, foutons à la poubelle la peinture, la musique, la poésie et j'en passe!
Je n'ai d'ailleurs pas dit qu'on ne devait plus enseigner l'anglais, ni l'apprendre.
J'ai juste dit que c'est très criticable de condamner quelqu'un, de lui faire "honte" parce qu'il ne parvient pas à "bien" parler anglais, qui est une langue difficile. Il y a bien des catégories d'individus, mais j'avoue qu'il est assez décourageant parfois de constater que dans des "lieux" comme Mediapart on trouve des mentalités de beaufs, ou des raisonnements aveuglément conformistes qui "justifient" les mécanismes prédateurs.
Les "démagos" ne sont pas forcément ceux qu'on croit.

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à un autre, qui rappelait le rôle colonialiste de la France, je répondis:

(...)Devrais-je me sentir responsable ou coupable des exactions de l'Humanité entière? (...) Ceci dit... Je me sens par contre "responsable" vis-à-vis des générations futures

Le "fait accompli", c'est l'instrumentalisation de la langue anglaise (qui structurellement, phonétiquement, et dans son vocabulaire, n'a rien de spécifique qui puisse justifier son usage comme "lingva franca"). Cette instrumentalisation a été voulue et pilotée par les vainqueurs de 44, le duo USA-GB. Ensuite, l'enseignement généralisé de l'anglais (et on voit bien qu'enseignement n'entraîne pas automatiquement apprentissage) ainsi qu'un efficace et discret lobbying nous a conduit à une "pensée unique" en matière linguistique.
Le résultat en est une culpabilisation diffuse des français, qui seraient "nuls en langues" ou "arrogants". Ces accusations, d'où qu'elles soient venues, ont été suffisamment reprises par les "élites" de notre société pour imprégner les gens au point qu'ils n'imaginent même plus rechercher d'autres causes plus logiques, plus politiques de la situation. Ils commencent même à accepter la folklorisation des langues de certains états d'Europe.

Pour ma part, j'y vois un des éléments de la lutte idéologique et politique que se livrent dominants et dominés... Et comme je ne suis pas de ceux qui justifient la loi de la jungle ou la liberté du renard dans le poulailler, j'essaie de mettre en évidence les mécanismes à l'oeuvre.

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A ce point des commentaires apparurent plusieurs suggestion d'utiliser l'espéranto, auxquelles je répondis:

... Enfin!!!
La question linguistique sort du placard.
Merci Médiapart!
C'est en effet une chose qui n'est jamais dite, tellement elle est taboue.

Mais dites-moi un peu: avez-vous remarqué que jamais personne ne fait grief aux Britanniques de leur nullité en langues, alors qu'en Europe, ce sont sans conteste eux les "champions"!!!

Je me rappelle, dans les années 90, une visite que je fis au Parlement Européen avec divers autres enseignants défendant l'école rurale. C'était Yves Frémion, député Vert, qui en avait pris l'initiative.
Après quelques travaux, nous fûmes invités au restaurant. Je voulus parler avec les Espagnoles présentes, et (mon espagnol étant quelque peu hésitant, c'était ma troisième langue étrangère, apprise en autodidacte), Frémion, aussitôt, de se gausser: "Ah, ces Français, toujours aussi nuls en langues!"
Quand je lui rétorquai que j'en parlais tout de même 5 au total (en comptant ma langue maternelle), il perdit un peu de son ironie, et avoua que lui-même... prenait des cours d'anglais... qui ne lui profitaient guère.

Le tabou, donc.
Il se situe à plusieurs niveaux.
Le premier se situe du côté du respect (largement justifié) que nous vouons à nos racines, mais qui s'exerce parfois de façon quelque peu tyrannique, dans la mesure où cela nous a été inculqué à un âge trop tendre pour que nous en ayons vraiment conscience.
La plupart des enfants font des erreurs du type "Je vais viendre avec toi" (calqué sur les formes plus fréquentes: "Je viens, tu viens...")
Aussitôt, on les reprend: "Non! Tu vas venir".
Les langues sont bourrées d'irrégularités (pour le métier ou la fonction: un boucher, un boulanger, un ouvrier, un archer, mais aussi un instituteur, un agriculteur, un vendeur... et puis un dentiste etc...) allant à l'encontre du principe de l'assimilation généralisatrice (décrite par Piaget). C'est pourquoi un enfant dira parfois "le fleurier" au lieu du "fleuriste".
Quand on apprend une langue comme idiome maternel, on intègre ces constructions par imprégnation constante, sans véritable "effort", ou du moins sans en avoir conscience. Mais plus on grandit, plus cela devient difficile, et plus cela demande de temps et de travail.
Certains (et ils sont très nombreux) pensent donc qu'il convient de soumettre très tôt les enfants à un enseignement bilingue, afin d'atteindre une efficacité plus grande.
Cela n'est pas sans poser divers problèmes.
Celui des moyens mis en oeuvre (compétence linguistique des enseignants, taille des groupes d'enfants...). Je le dis tout net, un tel projet est démagogique, car de toute évidence il ne peut s'appliquer qu'à une petite minorité d'établissements et d'élèves, surtout dans le contexte actuel de réduction des moyens accordés à tous les services publics.
Mais un autre aspect qui n'est jamais évoqué, et qui pourtant à mon avis mériterait de l'être, est que, dans ce projet d'éducation bilingue (mis à part le cas des écoles Diwan ou autres Calendrettas) il s'agit très majoritairement de sacrifier à l'anglolâtrie. Et là pointe son nez un autre problème: celui de l'acculturation, au profit d'un type de civilisation, un type de culture, à savoir celles de l'Occident dominé par le duo Etats-Unis Grande-Bretagne.
"Mais -me direz-vous- c'est un fait que l'anglais est incontournable".
Certes. Cependant, cela ne devrait pas empêcher les esprits libres d'interroger cette "incontournabilité", de chercher les causes réelles, historiques, de cette situation (on lira avec profit ce qu'en pense Robert Phillipson, lire ici : "L'anglais pour transformer l'univers mental des étudiants")
http://www.esperanto-sat.info/article608.html ) mais surtout, de s'interroger sur ses effets!
Est-il déraisonnable de penser qu'à l'époque de la guerre froide, le bloc anglo-américain aie voulu et su instrumentaliser sa langue pour en faire un "rempart" contre ceux qui lui contestaient la toute-puissance?
Un économiste des langues, François Grin, a effectué en 2005 un travail sur les effets de cette prédominance anglophone. Ses conclusions étaient sans appel: le poids de la langue anglaise défavorise grandement (sur le plan rhétorique et symbolique) tous ceux qui ne l'on pas comme langue maternelle, et sur le plan économique, car rapporte annuellement des sommes considérables au Royaume-Uni, sommes qui ne sont jamais comptabilisées, et le flux de ressources monétaires de tous les autres pays d'Europe vers la Grande-Bretagne serait perçu comme inacceptable s'il ne s'agissait pas de cette question taboue de la langue.

Tout cet équilibre (ou plutôt ce déséquilibre) linguistique repose sur un gros mensonge et sur la complicité objective (je ne dis pas "volontaire", bien qu'il n'y ait que l'épaisseur d'un cheveu entre l'un et l'autre) de trop nombreux membres des couches moyennes et supérieures de la société (soit de la plupart des décideurs et relais d'opinion).
Le mensonge, c'est de croire et faire croire que l'anglais soit une langue "facile" (le français ne l'est pas non plus d'ailleurs...).
La complicité réside dans le fait que chacun, tel Frémion à mon égard à Strasbourg, se dédouane en dénonçant la prétendue "nullité" des "autres" (on en a quelques exemples dans les commentaires ci-dessus.. peut-être que ces commentateurs sont le brillants locuteurs de diverses langues et même d'anglais, mais...peut-être pas!).
Or, un observateur attentif, voyageant un peu et fréquentant d'autres gens que la "crème", se rend compte que la plupart des citoyens du monde sont grosso modo logés à la même enseigne. Il peut y avoir des variations de quelques %, voire d'une dizaine de % d'un pays à l'autre, suivant que c'est un petit pays obligé de se tourner vers l'extérieur, ou un pays assez puissant comme la France, vivant sur sa "grandeur" passée. Mais partout on constate que le petit peuple n'est pas forcément très performant en langues étrangères, et surtout en anglais.
Le fantasme et l'approximation règnent en maîtres. Ainsi tout le monde vous assurera que "Tous les Hollandais parlent anglais". Or s'il est sans doute exact que la plupart des "Hollandais" parlent anglais (je ne l'ai pas vérifié personnellement un par un), on oublie que cette province n'est qu'une partie des Pays-Bas, et que dans toute la partie centrale ou orientale du pays, on utilise l'allemand avec bien plus de profit. D'information biaisée en supposition érigée en "vérité", on en arrive à des sommets de malhonnêteté (peut-être involontaire, je le concède).
Alors assez de cette auto-flagellation. Elle est injustifiée et stérile!

La complexité de tous les facteurs entrant ligne de compte, le tabou relatif à la prééminence de l'anglais permettent aisément de "brouiller les cartes", et de continuer dans les voeux pieux, alliés à la soumission... et l'impuissance.
Qui d'appeler de ses voeux l'enseignement de l'anglais à la maternelle, avec des répétiteurs ou répétitrices britanniques, qui de suggèrer de diffuser tous les films en VO, qui de projetter des cours de soutien pendant les vacances (société à deux vitesses: les enfants de "bourges" allant sur la côte Sud de la GB, et les autres au collège ou au lycée du coin!!!).

Pour ma part, bien que parlant 5 langues, bien qu'ayant des bases de deux autres... et ayant picoré aussi des éléments épars de quelques autres, je me garderai bien de m'associer à ceux qui hurlent avec les loups.
Pour notre génération, celle de la plupart des têtes de listes, c'est-à-dire des quadra- ou quinquagénaires, il n'est pas forcément trop tard, mais c'est malaisé.
Par contre, on peut agir pour les générations montantes.
Efficacement.
Il suffit de dépasser certains tabous, et ce que le psychologue et traducteur suisse Claude Piron nommait "l'ignorance ignorée".
Mais, malgré des signes encourageants, il est malaisé de savoir si le bon sens (par exemple suivre les recommandations de l'UNESCO de 53 et 85) finira par prévaloir.

Et le bon sens, deux commentateurs l'ont évoqué, c'est de se pencher un peu sur l'alternative espéranto.
J'ai fait 7 ans d'anglais (je ne le parle pas si mal que ça, et en tous cas, sans complexes!), un peu plus de 5 d'italien (je le parle couramment), j'ai appris l'espagnol avec Assimil en environ 3 ans (je peux lire des romans, tenir une conversation en faisant des erreurs de grammaire, et écrire, mais cela me prend plus de temps que je ne le désirerais)...
J'ai mis six mois seulement (sans forcer, je vous l'assure) pour l'espéranto. Et j'y suis aussi "performante" (voire plus) qu'en italien, que je pratique aisément.
Pourquoi quelques euro-députés ne pourraient-ils pas tenter de s'y initier?
Deux ans d'allemand (Assimil toujours) ne m'ont procuré qu'un niveau rudimentaire
Je suis en train d'apprendre le polonais, car c'est en Pologne que se tiendra cet été le prochain congrès mondial d'espéranto.

Je ferai un billet sur des "scénarios" possibles pour introduire progressivement cette langue dans les sociétés européennes, et en expérimenter les qualités propédeutiques dans les systèmes scolaires...

Le principal et peut-être seul "vrai" problème réside, évidemment, dans le fait que parmi les "élites", l'espéranto a (du fait de sa prétendue "artificialité", qui joue comme "repoussoir") une mauvaise réputation qui les dispense d'examiner honnêtement ses caractéristiques.

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J'avais aussi répondu cela à un certain point de la discussion:

Iil faut se méfier des prises de position globales, sans nuances, qui opposent des "blocs" censés être homogènes. Je ne crois pas que "les Français" existent vraiment dans l'absolu en tant que tels (même si évidemment on peut trouver des constantes entre eux), pas plus que les "Britanniques", les "Américains", les "Allemands" etc.... Pour caricaturer, quoi de plus différent qu'un Sarkozy et un Albert Jacquard, une Thatcher et un Ken Loach?
Nos sociétés sont toutes les lieux de différentes "fermentations", qui composent et recomposent sans cesse le paysage intellectuel, politique et idéologique. Il est probable que, dans l'ensemble, jamais personne n'a totalement raison ou tort, et le regard (forcément partiel et partial) qu'on pose sur les faits doit sans cesse être infléchi..
Donc, il faudrait cultiver notre esprit critique, éviter de de foncer "tête baissée" dans certains consensus: cela risque d'être "l'arbre qui cache la forêt".
En l'occurence, à partir d'un constat (certains acteurs de la vie sociale et politique éprouvent apparemment plus de difficultés que d'autres à se servir des langues étrangères), il faudrait essayer d'affiner la recherche des causes, des mécanismes qui ont conduit à cela.
Ma thèse (partagée par un certain nombre de gens) est que certains éléments de la question sont exagérés (nos difficultés avec la langue anglaise), pendant que d'autres sont minimisés, voire occultés (le volontarisme des vainqueurs pour "pousser" leur avantage linguistique pendant l'après-guerre, l'inégalité entre Europe germanique et latine dans l'apprentissage imposé, le mauvais rapport entre les moyens mis en oeuvre et les résultats obtenus etc...).
Compte tenu de cette "mise en condition" psychologique, je comprends que, par un réflexe de fierté, on puisse déplorer ne pas être globalement plus "performants" (personne n'aime être désigné comme "cancre"). Alors la tentation peut être grande de se désolidariser en critiquant les "insuffisances" de nos représentants. Mais est-ce cela qui fait avancer?
On peut aussi partir à la recherche de solutions alternatives, innovantes. Je mets cela au pluriel, parce qu'une des choses que je défends (la montée en puissance d'une langue auxiliaire puissante, logique, rapide à apprendre et n'appartenant à aucun état) ne pourrait être efficace que dans des scénarios faisant une large place au multilinguisme.

Un de mes interlocuteurs avait écrit: "si on ne veut pas se soumettre a la "pensee unique" en tant que Francais, alors il serait bon aussi qu on regarde dans notre histoire, linguistique notamment. Apparemment, ca, par contre, c'est pas votre truc."

Mais si mais si... Il n'est pas en mon pouvoir de changer l'histoire, de faire que la 3ème République n'ait pas enseigné "nos ancêtres les Gaulois" aux petits Africains, n'ait pas puni les écoliers Bretons ou Occitans qui parlaient la langue de leurs familles à l'école. Par contre, comme je pense que (bien que plus subtilement) nous sommes dans la même sorte de processus (cette fois en tant que peuple à acculturer au nom de la "mondialisation"), j'essaie d'agir pour que nous ne soyons pas "digérés" par ce "rouleau compresseur".

================== en conclusion =================

A vrai dire, en ce qui concerne tous ceux qui critiquent leurs concitoyens supposés "mauvais" en anglais (plus mauvais que les autres peuples... ce qui n'est absolument pas vérifié!!!), je me demande s'ils ne seraient pas victimes du même type de mécanisme que celui qui pousse les masses à accepter les croissantes inégalités de revenus. C'est à dire un phénomène d'identification avec les classes "supérieures", une adhésion inconsciente avec leurs "valeurs".

De même que le salarié, intoxiqué par le martelage médiatique sur la classe "people" rêve de devenir riche, de faire partie de cette classe, le locuteur de français rêve de voir son pays égaler les "Américains" ou les Britanniques. Il (elle) rêve donc de parler la langue des "élites". Qu'il y ait quelques compétences... ou pas du tout, il (elle) va tout de même rejoindre le choeur de ceux qui réclament toujours plus d'anglais, et un "meilleur" anglais.

Puissent nos députés européens de tous bords se démarquer de cette cécité des "français moyens", et clamer enfin que "Le roi est nu".