Les Français devraient être fiers d'être parmi les derniers sur le chemin de la servitude volontaire.

Après la parution récente de "Linguistic Imperialism Continued“, un ouvrage rédigé par un ancien du British Council, le professeur Robert Phillipson, et publié chez Routledge, à Londres, il serait temps de se poser les vraies questions sur l'anglais et d'ouvrir les yeux.

Certains veulent donner des complexes d'infériorité aux Français par rapport à leur connaissance de l'anglais. L'anglais, c'est le virus A-H1 N1 linguistique particulièrement contagieux et extrêmement profitable pour ceux qui poussent à sa propagation : Voir “Le « cadeau » de Gordon Brown“ au monde“.

Il existe une ignorance infiniment plus grave que la mauvaise connaissance d'une langue, avant tout nationale et certainement pas "universelle".

Le qualificatif "universelle" ne convient vraiment pas pour une langue pour laquelle des parents coréens en viennent à faire inciser le frein de la langue de leurs enfants afin qu'ils puissent la prononcer plus facilement (“Los Angeles Times“, 31 mars 2002). Un professeur coréen, Jun-Kyu Park, utilise même le terme "linguistic surgery“ (chirurgie linguistique !). Et alors que les élèves anglais sont les derniers d'Europe à savoir lire. Et alors que la dyslexie frappe bien plus l'Angleterre (le pays où elle a été décrite pour la première fois, en 1896, par le Dr Pingle Morgan, dans le "British Medical Journal") que la France et alors qu'elle est pratiquement inconnue en Italie.

L'apprentissage et l'enseignement de l'anglais ne représentent aucun supplément d'effort pour le budget des pays anglophones. Dans les établissements d'enseignement, à tous les niveaux, des moyens humains, financiers et un temps considérables sont ainsi disponibles pour d'autres matières. Pour les deux principales puissances anglophones, l'anglais représente non seulement une économie très appréciable en temps de crise économique, mais une source de profits énormes et surtout un outil stratégique efficace, un atout majeur, pour tirer les ficelles de l'économie et de la politique à l'échelle mondiale, pour imposer un modèle social inéquitable et une culture du profit comme but principal de la vie, pour placer les autres pays dans un état de dépendance.

Pour tous les autres pays du monde, c'est-à-dire 95% de la population mondiale non-anglophone, c'est précisément l'inverse. À tous les niveaux de la société, quand des anglophones natifs disposent de leur temps libre pour des activités profitables, productives, créatives ou intéressantes, partout dans le monde, après le travail, des gens de toutes situations sociales et professions, du chef d'entreprise à l'employé, en passant par le scientifique, le député, le cadre, l'artisan, sacrifient temps et argent et se privent de loisirs ou autres activités pour apprendre les irrégularités d'une langue comportant une multitude d'incohérences.

Quand aura-t-on le courage d'évaluer et de dénoncer ce gâchis ?

Il n'est pas trop tard pour y réfléchir. Une série d'émissions du professeur Albert Jacquard, diffusées sur France Culture, peut y aider.