Richard Berry est venu présenter en avant-première à Nice son nouveau film, Nos Femmes, tiré de la pièce qu’il jouait encore la veille, sur la scène du théâtre de Grasse. Un cas d’autant plus rare de dédoublement qu’il n’y tenait pas le même rôle! Dans le film, Richard Berry est Max, célibataire endurci et maniaque, qui reçoit dans son bel appartement parisien ses deux meilleurs potes, Paul (Daniel Auteuil) et Simon (Thierry Lhermitte), pour leur partie de poker hebdomadaire.Mais Simon arrive en retard, en panique, la mine défaite : il leur explique qu’il vient de tuer sa femme en apprenant qu’elle le trompait et leur demande de lui fournir un alibi…
Jusqu’où peut-on aller par amitié?La pièce à succès d‘Eric Assous et le film qu’en a tiré Richard Berry explorent sur un mode tragicomique ce thème, qui a séduit l‘acteur-metteur en scène et réalisateur pour les raisons qu’il nous explique ci dessous…


Qu’est-ce qui vous a conduit à mettre en scène la pièce, puis le film?
Avec Daniel (Auteuil), on venait de terminer le tournage d’ Avant l’hiver, le film de Philippe Claudel, dans lequel nous n’avions que quelques scènes ensemble.On s’était tellement bien entendus que Daniel m’a dit « Trouve-nous une pièce de théâtre, comme ça, on pourra jouer ensemble tous les soirs ». Celle d’Eric Assous m’a paru parfaite puisqu’il s’agit, en plus, d’une histoire d’amitié. Les représentations ont connu un tel succès qu’on m’a demandé de l’adapter au cinéma et j’ai dit oui pour prolonger encore le plaisir…

C’est comme ça que vous vous êtes retrouvé à la jouer encore sur scène
pendant la promo du film…

Ce n’était pas prévu, car on n’a fait qu’une douzaine de dates en province et celles de Grasse étaient les dernières.Comme Daniel ne pouvait pas faire la tournée, j’ai joué son rôle et Jean Reno a repris le mien.C’était parfait : comme ça, je n’avais pas l’impression de jouer la même pièce sans Daniel.

Thierry Lhermitte, lui, n’est arrivé que pour le film…

Oui et je dois dire qu’il est le Simon parfait.Contrairement à Daniel, on ne se connaissait pas avant…

Dans la vie, qui sont vos « vieux copains »?

Daniel, Jean (Reno), Gad (Elmaleh) et Patrick Timsit, qui est comme un frère.Avec eux c’est vraiment à la vie à la mort

S’ils vous demandaient de cacher un cadavre, vous le feriez?

Peut-être pas, quand même! Comme Max, je pense que dans un tel cas le meilleur service à rendre à un ami serait de lui conseiller de se rendre, de prendre un bon avocat et de plaider le crime passionnel.

Vous avez beaucoup de points communs avec Max?

Vous voulez dire : est-ce que je suis aussi maniaque que lui?Non, je suis pire! Je me suis beaucoup investi dans le rôle puisqu’en plus de le jouer et de le mettre en scène, je l’ai coécrit. Et oui, j’aime bien écouter NTM.Mais je ne danse pas! (rires)



Le danger lorsqu’on adapte une pièce au cinéma c’est de faire du théâtre filmé.Comment l’avez-vous contourné?
On a beaucoup travaillé sur le scénario.La première chose à faire c’était de filmer tout ce que les personnages racontaient sur scène de leur vie à l’extérieur. Toute la première partie du film y est consacrée, ainsi qu’un certain nombre de flash-back. Ensuite, j’ai coupé dans les scènes et même dans les répliques pour trouver un rythme de comédie plus cinématographique.Et on a fait un gros travail sur les décors et la lumière pour donner plus d’espace aux personnages et à l’histoire.
Pourquoi avoir choisi de sortir ce film avant Tout, tout de suite, que vous aviez pourtant terminé en premier?
Il nous a semblé que le sujet de Tout,tout de suite, qui raconte l’affaire Ilan Halimi, se prêtait mieux à une sortie à l’automne qu’au printemps.

Qu’avez-vous pensé de24Jours, le film d’Alexandre Arcady, sur le même sujet?

Disons que le mien n’est pas un film communautariste, les bons contre les méchants…J’essaie plutôt de comprendre.