On pourra reprocher beaucoup de choses à Michel Hazanavicius, à propos de son nouveau film, The Search, mais pas d’avoir manqué de courage. Après avoir osé - avec le succès que l’on sait-, faire un film muet en noir et blanc sur un acteur inconnu (The Artist), l’homme des parodies d’OSS117 s’est embarqué dans un grand film de guerre sur le conflit tchétchène, doublé d’un remake d’un classique hollywoodien oublié de 1948 (Les Anges marqués, de Fred Zinnemann avec Montgomery Clift). Cela lui vaut de se retrouver en compétition pour la deuxième fois à Cannes. Mais avec, cette fois, de bonnes chances d’y connaître le sort réservé aux films français un peu fragiles : la descente en règle! Et c’est bien ce qui risque de lui arriver, si l’on en juge par les réactions à la sortie de la première séance réservée à presse.On y a entendu les premières huées de la compétition…
The Search entrecroise les destins d’un petit orphelin de 9 ans, Hadji (Abdul-Khalim Mamatsuiev), rescapé du massacre de sa famille , d’un jeune soldat Russe, Kolia (Maxim Emelianov), incorporé de force après s’être fait arrêter en possession de majijuana et de Carole (Berenice Bejo), une déléguée de la commission européenne des droits de l’Homme.En conflit avec sa hierarchie, elle va récupérer le petit garçon et l’installer chez elle, avec l’assentiment plus ou moins tacite de la responsable locale de l’orphelinat de la Croix Rouge (Annette Bening, débordée mais toujours impeccable).
Interminable mélo tire larmes, dégoulinant de bonnes intentions et de bons sentiments, doublé d’un film d’initiation à la guerre plus intéressant ( mais louchant très fort vers Full Metal Jacket) et d’une charge politique lourdingue contre l’inertie des institutions européennes (en pleine campagne pour les élections européennes et crise ukrainienne, ça ne va pas inciter à aller voter dimanche.Heureusement le film ne sort qu’en novembre), The Search a presque tout pour déplaire.Tout, sauf son petit acteur à la bouille lunaire, Abdul-Khalim Mamatsuiev, sorte de Jean Yanne bonzaï formidablement expressif, qui a la chance de n’avoir quasiment aucun texte (les dialogues sont particulièrement mauvais) et danse comme un chef sur les chansons des Bee Gees. Notre favori pour le prix d’interprétation masculine!