Depuis la mort de leur mère, Suzanne (Sara Forestier) et Maria (Adèle Haenel) vivent avec leur père (François Damiens), que son métier de chauffeur routier éloigne souvent de la maison. Enceinte de Julien (Paul Hamy), son premier amour, Suzanne décide de garder le bébé sans en parler à personne et s’accroche désespérément à ce petit voyou, qui va l’entraîner dans ses combines foireuses. Maria s’efforce de rester aussi sage que sa sœur est imprévisible. Son amour et celui de leur père suffira-t-il à ramener Suzanne dans le droit chemin?

Un destin sacrifié. L’amour d’une famille. La vie qui s’effiloche et ne laisse personne indemne… Suzanne pourrait être aussi triste que la chanson de Leonard Cohen qui l’a inspiré. Le deuxième long-métrage de l’épatante Katell Quillévéré (après Poison Violent en 2010), en a surtout la beauté minimaliste.On suit sur 25 ans, avec des ellipses fulgurantes, les épreuves imposées à sa sœur et à son père (Adele Haenel et François Damiens, impeccables) par les choix de vie impulsifs de Suzanne (Sara Forestier, dans une composition digne des plus grandes). Jamais misérabiliste, ni geignard, toujours parfaitement juste et équilibré, le film de Katell Quillévéré, découvert en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes, est une réussite qui classe d’emblée sa réalisatrice parmi les nouveaux auteurs à suivre.