Après la déferlante bling bling de Gatsby le Magnifique, Heli, premier film de la compétition officielle, a pris les festivaliers à contre-pied par son âpreté, sa violence et son minimalisme.
Amat Escalante, qui s’était déjà signalé sur la Croisette par la violence de ses films précédents, Sangre et Los Batardos, raconte l’histoire d’Heli, un jeune garçon qui vit avec sa jeune sœur Estela, sa femme et leur bébé chez son père .Pour faire vivre la maisonnée, les deux hommes travaillent dans la même usine automobile, seul îlot de modernité dans le paysage désolé de la campagne mexicaine. Estela, qui n’a que 12 ans, fréquente un jeune apprenti policier qui voudrait l’épouser.Pour la convaincre de le suivre à la ville, il a la mauvaise idée de voler un paquet de cocaïne détourné des saisies policières et de le planquer chez elle. Heli découvre le paquet et s’en débarrasse.Trop tard, hélas : la brigade spéciale qui a déjà arrêté le voleur débarque en force.Le père d’Heli est tué dans l’assaut, le jeune garçon et sa sœur sont enlevés et livrés aux narcos…
Émule du Brillante Mendoza de Kinatay (sur une trame étonnamment similaire), Escalante confronte le spectateur à l’extrême violence de son pays avec deux scènes particulièrement pénibles : celle de la pendaison décrite part ailleurs et celle de la torture qui, en fait, la précède dans le temps. Alors qu’Estela est envoyée dans un bordel, les deux jeunes garçons sont amenés dans une maison où ils sont frappés et torturés dans le salon, pendant que les enfants jouent à la Playstation et que la mère de famille fait la vaisselle dans la cuisine.Délaissant leurs manettes de jeu, les enfants viennent donner quelques coups et assistent au martyre des malheureux, avant de revenir à leur jeu, comme si c’était la même chose. Une certaine idée de l’enfer (qui s’écrit « hell » en anglais, comme Heli à une lettre près.