1994. Amin (Shaïn Boumedine), qui hésite encore entre devenir médecin ou cinéaste revient passer l’été à Sète, où sa mère et sa tante tiennent un restaurant tunisien. Il retrouve sa famille, son cousin dragueur Tony (Salim Kechiouche), sa meilleure amie Ophélie (Ophélie Bau) et passe son temps entre le restaurant familial, les bars du coin et la plage où viennent bronzer de jolies vacancières. Alors que Tony emballe à tour de bras, Amin reste en retrait. Il fait des photos et passe beaucoup de temps avec Ophélie.La jeune femme est censée se marier bientôt à un marin en mission dans le golfe, mais elle le trompe avec Tony...

Notre avis
Après la Palme d’or de La vie d’Adèle, le Niçois Abdellatif Kechiche s’est lancé sans prévenir dans une saga amoureuse qui a si largement débordé le cadre du film qu’il était censé tourner qu’elle devrait finalement donner lieu à un tryptique (le deuxième est fini, le troisième doit se tourner cet été). Cela a empêché Mektoub My Love d’être présenté à Cannes l’an dernier et provoqué des tensions avec ses partenaires financiers. Le premier mouvement (Cantu Uno), sort finalement cette semaine, après un passage houleux par la Mostra de Venise: il dure trois heures et pourtant il n’y a pratiquement pas d’histoire.On suit sur deux semaines de vacances, les amourettes estivales de cinq protagonistes principaux: Amin (Shaim Boumedine), double probable du cinéaste, son cousin dragueur et mythomane Tony (Salim Kechiouche), leur meilleure amie Ophélie (Ophélie Bau, découverte du film, à la chute de reins affolante) et deux touristes niçoises Charlotte (Alexia Chardard) et Céline (Lou Luttiau, autre découverte du film).Tony, qui couche en secret avec Ophélie (leur ébats ouvrent le film de manière assez crue) drague Charlotte pour donner le change, puis la largue quand elle commence à s’accrocher.Le bel Amin hésite entre Céline qui s’amuse avec tout le monde en attendant qu’il se décide, une mannequin Russe, une touriste espagnole et Ophélie, dont il est amoureux depuis l’enfance. Alors qu’autour de lui tout le monde s’éclate, Amin reste sur sa réserve et se contente de sourire et d’observer. Le film est une longue succession de scènes de plage, de bars et de boites de nuit, au cours desquelles tout le monde drague ou s’interroge sur la conduite d’Ophélie. On ne quitte le bord de mer que pour aller dans la ferme des parents de la jeune femme, où Amin veut photographier la naissance d’un chevreau. La scène, éminement symbolique, renvoie au processus du tournage dans lequel le cinéaste attend que son film prenne vie. Le spectateur attend aussi et même si l’attente est plaisante, tant cette jeunesse et ces corps en liberté sont beaux à regarder dans la lumière sublimée de l’été méditerranéen, on peut la trouver inutilement longue. Mektoub My Love a été aussi applaudi que sifflé à la Mostra de Venise.C’est sans doute le film le plus personnel d’Abdellatif Kechiche, qui s’y livre comme jamais. On l’aime beaucoup, mais on ne nous otera pas de l’idée qu’il aurait été tout aussi réussi (et sans doute mieux accueilli) avec une heure de moins.