Lorsqu’ils sont apparus au Top 50, en 1981, avec les tubes synthétiques de leur premier album, Speak & Spell (dont l’increvable «Just can’t get enough»), personne n’aurait misé un kopeck sur la longévité artistique de Depeche Mode. Aimablement qualifiés de «garçons coiffeurs» par la presse musicale britannique, les quatre de Basildon, banlieue sinistrée de Londres, semblaient juste là pour enterrer l’aventure punk et ouvrir la voie aux boys bands qui allaient déferler sur le marché la décennie suivante.
Par quel prodige, ces minets romantiques aux cheveux peroxydés se sont -ils transformés en rockers gothiques, à la tête d’une multinationale du rock?C’est l’une des énigmes les plus intrigantes de l’histoire de la pop anglaise. Elle tient, bien sûr, à l’alchimie particulière du groupe, qui a connu pas mal de crises avant se stabiliser autour de ses deux personnalités dominantes: l’auteur-compositeur et guitariste Martin LGore et le chanteur Dave Gahan.Avec le bon Andy Fletcher pour jouer les intermédiaires, les deux hommes ont réussi, malgré leurs différents (Gahan a dû batailler ferme pour imposer ses propres compositions), à faire prospérer et durer le groupe au-delà de toute espérance. C’est l’album, Violator, paru en 1990, qui a fixé, une fois pour toutes, la formule magique de Depeche Mode : un cocktail de sons synthétiques, de guitares organiques et de voix réverbérées, soutenu par une imagerie noire et des textes à base de sexe et de religion.Son expression la plus aboutie étant la chanson «Personal Jesus», dont Johnny Cash livra une «cover» sépulcrale et testamentaire…

Un album tous les 4 ans
Depuis trois décennies, au rythme métronomique d’un album tous les quatre ans, Gore et Gahan peaufinent la formule avec des hauts (Songs of Faith and Devotion en 1993, Ultra en 1997, Playing the Angel en 2005) et quelques légères baisses de régime, mais jamais vraiment de bas. Ce qui assure aux tournées mondiales qui suivent la parution de chaque opus un succès considérable et maintient le groupe dans le top mondial des meilleurs vendeurs de tickets de concerts.
Venu il y a quatre ans présenter Delta Machine à Nikaïa (album moyen, mais concert mémorable), Depeche Mode sera de retour à Nice le 12 mai avec Spirit, leur nouvel album paru en mars et déjà considéré comme un de ses meilleurs enregistrements. Produit par James Ford de Simian Disco Mobile, collaborateur d’Arctic Monkeys, Spirit retrouve, en effet, la noirceur et la densité de Violator et Songs of Faith and Devotion, avec des chansons puissantes aux textes engagés, comme «Going Backwards», «Where’s the Revolution» ou «Cover Me», que l’on a vraiment envie de les voir jouer en live, en plus de leurs hits habituels.
Bien que désormais largement quinquagénaire et rangé de ses excès passés, le chanteur Dave Gahan est toujours un des meilleurs performers de la planète rock.Preuve vivante que «ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort» (Nietzsche), sa voix et sa présence scénique sont les meilleurs atouts de Depeche Mode en concert.

Depeche Mode Global Spirit Tour le 12 mai à 20h00, stade Charles Ehrmann Nice.Prix des places de 62 à 89,50 euros.