Élevé dans un quartier difficile de Miami par une mère célibataire toxicomane, «Little» Chiron tente de trouver sa place dans le monde…
Notre avis
C’est le film que personne n’attendait. Découvert au festival de Toronto, il a remporté le Golden Globe du meilleur film dramatique et s’impose comme le plus sérieux aspirant à l’Oscar du meilleur film.Son réalisateur est un inconnu: Barry Jenkins, 38 ans, natif de Liberty City, banlieue chaude de Miami où se déroule le film, n’en est qu’à son deuxième long-métrage.Le précédent, Medicine for Melancholy n’a même pas été distribué en France. Moonlight étonne d’autant plus par sa maîtrise et sa puissance, qu’il ne roule pas les mécaniques.En trois séquences, séparées d’ellipses de plusieurs années qui cueillent le spectateur par surprise, le film dresse tranquillement le portrait d’un jeune black de banlieue à la recherche de son identité sociale et sexuelle.Gamin, il est élevé par une mère toxico et harcelé par ses camarades de classe parce qu’il ne se conforme pas aux codes de sa tribu. Etrangement, les seuls à lui témoigner un peu d’affection sont le dealer du quartier (formidable Maheshala Ali) et sa compagne.Adolescent, Chiron, qu’on continue à surnommer «Little» (petit), se sent toujours différent et il continue à être maltraité.Mais il a un ami et celui-ci ne le laisse pas indifférent.Adulte… On vous laisse la surprise.Car loin de verser dans le misérabilisme social ou le polar rap, cette adaptation de pièce de théâtre (In the Moonlight Black Boys Look Blue de Tarell Alvin McCraney) se joue des clichés et des stéréotypes et trompe constamment les attentes du spectateur.La mise en scène, d’une rare élégance, souffle le chaud et le froid. Les trois acteurs qui jouent Chiron aux divers âges de sa vie (Albert R.Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhode) sont juste magnifiques.Et la B.O est top.
Si ce film-là ne fait pas une razzia aux Oscars, c’est à désespérer d’Hollywood.