Les disparitions successives de géants de la pop et les progrès de la technologie numérique ont ouvert la voie à une nouvelle forme de spectacles: les concerts d’hologrammes. En 2007, Elvis Presley s’est ainsi retrouvé à chanter en duo avec Céline Dion pour le télé crochet American Idol.Et Michael Jackson est miraculeusement apparu sur la scène des Bilboard Music Awards en 2014 pour interpréter «Slave To The Rythm» Cinq ans après sa mort! De là à envisager un spectacle complet, basé sur les projections en 3D, il n’y avait qu’un pas.Il est allègrement franchi avec Hit Parade, première comédie musicale à base d’hologrammes qui se joue jusqu’au 26 février au Palais des Congrès à Paris et qui tournera en province à partir du mois d’avril (1).
Pour ce spectacle au concept original, quatre idoles des années 60-70 (Claude François, Mike Brant, Dalida et Sacha Distel) ont été clonées dans les studios parisiens de MacGuff, spécialiste des effets spéciaux pour le cinéma.Leurs hologrammes évoluent sur scène au milieu des musiciens (qui jouent en live sur le play-back des chansons), des danseuses et des acteurs, pour ce qui est censé être la répétition générale d’un show télévisé des années 70. Les chansons sont introduites par de petites saynètes dans lesquelles le réalisateur et la chorégraphe règlent les derniers détails du show, craignant à tout instant (suspens!) que les machinistes se mettent en grève (on voit par là qu’on est bien en France à l’époque de l’ORTF). Le scénario et la mise en scène sont assez pauvres, mais peu importe.Ce qu’on veut, c’est voir les chanteurs ressusciter sous nos yeux et entonner leurs plus grands succès, comme s’ils étaient encore vivants et jeunes. Et là, force est de reconnaître qu’on est un peu déçu. Malgré les 6 millions d’euros investis (selon la production) dans la numérisation des idoles, le résultat ne dépasse pas de beaucoup celui d’une projection classique. Les hologrammes sont trop lointains pour qu’on puisse vraiment juger de leur qualité. On reconnaît vaguement les visages (qui semblent légèrement disproportionnés), mais on ne voit pas bouger les lèvres, ni les yeux.Et l’effet relief n’est pas top. En dehors des chansons, les artistes ont peu d’interactions avec les autres personnages et restent cantonnés en fond de scène, accentuant l’impression de simple projection. C’est dommage, car les parties chantées fonctionnent plutôt bien, avec un public qui n’est pas seulement composé de nostalgiques des années 60. À l’applaudimètre, c’est Mike Brant qui semble l’emporter devant Cloclo et Dalida, dont le clone de cinéma (Sveva Alviti) est plus crédible dans le film de Lisa Azuelos actuellement en salles. Sacha Distel, dont les séquences relèvent pourtant le niveau musical, semble moins apprécié. Une partie du public se demande peut-être qui c’est?Même chez les hologrammes, il y a les stars… et les autres.
Philippe DUPUY
Encadré: Comment ça marche?
Le procédé de création des hologrammes pour ce spectacle est plus simple à décrire qu’à mettre en œuvre.Des doublures plus ou moins ressemblantes des artistes sont filmées en train de chanter.Des capteurs sur le corps et le visage permettent de numériser point par point leur image. Leur visage est ensuite remplacé numériquement par celui des vrais artistes interprétant la même chanson.Lors de la représentation, les images 3Dainsi obtenues sont retro-projetées sur un tulle translucide afin de permettre aux musiciens et aux danseurs d’évoluer à côté ou devant l’hologramme de l’artiste, comme s’ils étaient sur scène avec lui. Il ne reste plus qu’à synchroniser la musique et la voix pour que l’illusion soit (presque) parfaite.