1967 fut l’une des années les plus florissantes - à tous les sens du terme- pour la musique pop.Un demi siècle plus tard, plusieurs chefs d’œuvres vont faire l’objet de luxueuses rééditions anniversaires...

À tout seigneur, tout honneur: c’est le Roi Lézard en personne, Jim Morrison, qui ouvrira le bal des rééditions anniversaires d’albums mythiques. The Doors, premier album du groupe californien, paraîtra le 31 mars dans une version luxe augmentée d’un concert enregistré à San Francisco en mars 1967 et d’un livret de photos plus ou moins inédites.
Sorti en janvier1967, le premier album des Doors fut le premier chef-d’œuvre de l’année.On y découvrait un groupe déjà totalement mature: 8 des 11 chansons du disque («Break on Through», «Soul Kitchen», «Alabama Song», «Light My Fire», «Back Door Man»,«Take It As It Come» et «The End») sont des classiques du groupe.Elles resteront au programme des concerts des Doors jusqu’à leur séparation, en 1973.
En ce début d’année 1967, les Doors (qui sortiront quelques mois plus tard un deuxième album moins réussi, Strange Days), n’ont qu’un concurrent sérieux: les Rolling Stones qui viennent de publier Between the Buttons. Mais The Doors annonce déjà la vague psychédélique qui va déferler sur les États-Unis dans les années suivantes, alors que les Stones continuent à décliner une pop qui doit encore beaucoup aux Beatles. Ces derniers gardent d’ailleurs un coup d’avance: en juin, ils publient leur chef-d’œuvre Sgt.Pepper’s Lonely Hearts Club Band qui va influencer tout le psychédélisme anglais.Les Stones y répondront maladroitement en décembre avec Their Satanic Majesties Request.Mais c’est Pink Floyd qui tirera les marrons du feu avec son premier album The Piper at the Gates of Dawn, paru en août.

1967, année psychédélique

De l’autre côté de l’Atlantique, les portes de la perception, chères à Aldous Huxley (et aux Doors) explosent: le psychédélisme triomphe avec Jefferson Airplane qui sort Surrealistic Pillow en février, Grateful Dead, dont le premier album éponyme sort en mars, Love (Forever Changes) et, dans une certaine mesure: The Beach Boys (Smiley Smile), Country Joe and the Fish (Electric Music For the Mind and the Body), Buffalo Springfield (Again) Traffic (Mr Fantasy), The Small Faces (The Small Faces), Canned Heat (Canned Heat), Franck Zappa and the Mothers of Invention (Absolutely Free, Lumpy Gravy) et The Jimi Hendrix Experience, qui publie deux chefs d’œuvre coup sur coup (Are You Experienced et Axis: Bold as Love).
Aiguillonné par la concurrence hendrixienne, Eric Clapton se lance à son tour dans le grand bain psychédélique avec Cream (Disreali Gears).Et l’Angleterre se découvre un nouveau guitar hero , Alvin Lee, avec le premier album de Ten Years After. Alors que les Who (Sell Out) et les Kinks (Something Else) continuent sur leur lancée, l’ex leader des Them, Van Morrison, se démarque avec un premier album solo (Blowin’ Your Mind).Un nouveau singer songwriter prometteur émerge en la personne de David Bowie, qui publie lui aussi un premier album éponyme.
Pendant ce temps-là, Bob Dylan, rescapé d’un accident de moto, fait son premier come-back avec John Wesley Harding, mais se voit concurrencer par Leonard Cohen (qui publie Songs of Leonard Cohen) et Donovan qui sort Mellow Yellow et A Gift from a Flower to a Garden.Et oui : en ce temps-là, on pouvait publier deux albums majeurs la même année! La plupart de ces disques seront réédités cette année en version Deluxe, s’ils ne l’ont pas déjà été, comme le premier Velvet Undergroung (The Velvet Undergound and Nico), véritable ovni de l’année 1967.Paru en mars 1967sous une pochette signée Warhol qui deviendra légendaire (une banane à moitié pelée), c’est celui de tous qui s’est le moins vendu, mais dont l’influence aura été la plus durable. Le chanteur, auteur et compositeur, s’appelait Lou Reed.