Installé depuis 30 ans à Bruxelles, Gino (José Garcia) tient une pizzeria achetée avec les économies de sa femme Simone (Anna Mouglalis). Les temps sont durs, aussi décide-t-il de faire de la publicité au cinéma avec un film présentant son restaurant. Alors que le tournage est terminé et que le résultat s’avère décevant, il reçoit un coup de fil d’Italie qui lui annonce la mort prochaine de son oncle Giovanni (Ben Gazzara), un caïd de la mafia. Comme le lui a promis Giovanni à la mort de son père, Gino touchera à sa mort une part de l’héritage.Mais pour cela, il doit prouver au parrain, que lui aussi a réussi dans le crime en Belgique. Pour éviter un « audit » des porte flingues de Giovanni, Gino convoque le réalisateur du film publicitaire (Samuel Benchetrit) et lui demande de réaliser un faux documentaire sur sa vie de caïd de la pizza. Mais le tournage va attirer l’attention de Pedro Gonzalès (Sergi Lopez) qui tient le business des pizzas à Bruxelles et rien ne se passera vraiment comme prévu...
Après le rock (Janis et John) et le polar (J’ai toujours rêvé d’être un gangster), Samuel Benchetrit s’amuse à détourner les codes de la comédie sociale italienne avec ce petit film foutraque mais d’une grande drôlerie, qui mixe allégrement Affreux, sales et méchant, Bowfinger roi d’hollywood et Soyez sympa, rembobinez dans un hommage al dente à l’amour du cinéma. José Garcia est au mieux dans un rôle moins outrancier qu’à l’habitude.On découvre le talent comique d’Anna Mouglalis en simili Claire Nadeau. Sergi Lopez est énooooorme en parrain de la pizza looké Christian Audigier.Et le vétéran Ben Gazzara, acteur fétiche de John Cassavetes, vient faire un cameo génial à la fin. Les ruptures de ton et de rythme pourront déconcerter le public non averti, mais ils font partie du jeu et du style de Samuel Benchetrit, qui est un des rares cinéastes de sa génération à oser sortir des sentiers battus. Cela ne lui réussit pas beaucoup auprès de la critique, qui le déteste et le fait passer pour le bellâtre ringard et prétentieux qu’il n’est surtout pas. Ses trois films rappellent pourtant ce que l’on aime dans le cinéma indépendant US et comptent parmi les comédies françaises les plus intéressantes des dix dernières années. Les deux premiers méritent d’être réévaluées et celui-ci d’être aimé. José Garcia et Sergi Lopez lui offriront-ils enfin le succès public qui le vengerait des mauvaises critiques? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.