Le succès critique et public de son nouvel album n’a rien changé aux (bonnes) habitudes de Katerine Gierak, 29 ans, dite Mademoiselle K : sitôt l’album dans les bacs, la demoiselle a reformé son groupe et est repartie sur la route pour une tournée qui passe cette semaine par Nice et Six-Fours (1). L’occasion de revenir avec elle sur le makin’ of de ce troisième album qui lui ouvre de nouveaux horizons…

« Jouer dehors », c’est l’album de la maturité pour Mademoiselle K?
Pour la première fois, j’ai eu l’occasion de me poser un peu en studios pour composer. Ca change forcément le son du disque. On essaie plus de choses, on soigne les arrangements, on rajoute des instruments. Au lieu de faire mes maquettes en guitare-voix comme d’habitude, je me suis installée au piano. Ca m’a ouvert de nouveaux horizons. J’en suis tellement contente que j’ai voulu garder ce son-là pour la tournée. On a donc embauché un pianiste et j’en joue moi aussi sur deux titres.
La chanson « A l’infini », qui clôt l’album, semble ouvrir une nouvelle voie dans votre travail…
C’est pour cela que je l’ai placée à la fin du disque. C’est comme une porte qui s’ouvre sur autre chose. Il y a un côté symphonique et mélodique à la fois. Pourtant, c’est parti d’un simple rythme de batterie. J’espère en écrire d’autres de ce genre. J’ai fait la porte : maintenant, il ne me reste plus qu’à trouver la clé pour l’ouvrir.

Les textes sont plus matures, également...
L’album est né pendant la crise, forcément ça se retrouve un peu dans les thèmes abordés. Je voulais sortir un peu de ma bulle, m’ouvrir plus au monde tel qu’il va ou qu’il ne va pas. Ca donne des textes cyniques et gais à la fois. Avec l’idée que si c’est la fin du monde, raison de plus pour faire la fête et en profiter au maximum.

Vous avez une formation classique. Du conservatoire, comment êtes-vous passée au rock?
J’ai vu Nina Simone à l’Olympia à l’âge de 10 ans et ça a vraiment décidé de ma vocation, je crois. Avec le recul, je m’aperçois qu’elle a eu un parcours très similaire au mien, du point de vue de sa formation en tout cas. J’ai commencé très tôt à écrire mes propres chansons qui avaient une forme rock. Plus tard, j’ai adoré Radiohead et j’ai découvert Patti Smith. Je l’ai vue récemment en concert. Son énergie est incroyable et c’est une poétesse immense. « Jesus dies for somedy’s sins but not mine » (elle chantonne)… C’est génial. Et puis, il y a eu Gainsbourg, bien sûr. Melody Nelson, quel disque… Je rêve de pouvoir faire ça, un jour : un concept-album.

En tant que fille d’immigrés polonais, le débat sur l’immigration vous en pensez quoi?
Je trouve ça effrayant, cette montée du populisme et des extrêmes. J’espère que le résultat des cantonales n’exprime qu’un vote de colère et constituera un bon signal d’alarme pour 2012. Ca veut dire qu’il faut aller voter, même si on ne se sent pas forcément concerné et si la gauche actuelle ne fait pas rêver.

Question qui fâche : Si on vous confond avec Jennifer de Superbus, vous le prenez comment?
Ah, ah! Même pas mal! (rires) C’est sûr que musicalement, on n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Mais physiquement, elle est plutôt jolie, non? Ca ne me fâche pas du tout, non. Désolée!

(1) En concert le 7 avril au Théâtre Lino Ventura de Nice et le 9 avril Espace Culturel André Malraux à Six-Fours.Réservations dans les points de vente habituels.