Il déboule dans la pièce , balance une vanne , tutoie tout le monde, réclame à boire , se marre et parle, parle ...Pour José Garcia, la promo n’est qu’une occasion de plus de faire ce qu’il préfère au monde: rencontrer des gens et parler.Ca tombe bien puisqu’on est là pour parler de Chez Gino, le nouveau film de Samuel Benchetrit qui sort mercredi. Il y joue un pizzaiolo qui se fait passer pour un caid de la mafia pour toucher un héritage (voir aussi en pages Détente).Un drôle d’hommage au cinéma italien et au cinéma tout court, dans lequel, l’ex complice d’Antoine de Caunes, est particulièrement à son avantage dans un double registre qu’il affectionne: comique et émouvant...

Votre énergie, à l’écran comme à la ville, étonne toujours.Vous prenez quoi?
Rien du tout.Mais je m’étonne qu’on s’étonne.Si moi je dois tirer la gueule, alors le mec en Inde qui crève la dalle, il doit faire quoi? J’ai un métier que j’adore, une famille que j’aime, tout va bien, je ne vais sûrement pas me plaindre. Je vis comme si j’allais mourir ce soir. Je fais dix mille trucs dans la journée, mais je n’oublie pas de m’intéresser aux autres ni de dire à ceux que j’aime que je les aime.

Votre goût pour les sports extrêmes vient-il de là également?
Oui, sauf que je ne les pratique pas de manière si extrême. Le Kyte Surf, c’est un rêve d’enfant, je trouve ça poétique.Et puis ça calme l’ego.On devrait forcer les hommes politiques à en faire ! Quand je vole en Delta ou que je pilote mon avion, ce sont peut être les seuls moments où j’ai l’impression d’être totalement dans l’instant présent. Et ça me donne un sentiment de liberté incroyable par rapport à mon métier, où l’on essaie de vous interdire de faire ce genre de choses...


À l’écran non plus, vous ne vous interdisez pas grand-chose...
Non.Même pas de me payer Marlon Brando dans Chez Gino! Mais j’ai été bien puni.Dans la scène où je joue le parrain qui caresse son chat en parlant de la mafia, j’avais une chemise en soie sur laquelle le chat glissait à chaque prise.Pour se rattraper, évidemment, il me labourait le ventre.Et comme, en plus, je suis allergique, j’étais bourré de Zyrtec et de Ventoline.Une horreur! (rires)

Le film est un bel hommage au cinéma italien...
Oui, c’est ce qui m’a plu tout de suite dans le scénario. Mais je me suis rendu compte aux projections que c’est surtout un hommage à ceux qui ont aimé ce cinéma-là.Quand je le regarde, je revois mon père entrain de regarder la télé avec ma mère et de se marrer devant la disgrâce d’Ugo Tognazzi ou d’Alberto Sordi.Ca les renvoyait à leurs propres problèmes, mais ça leur disait aussi que ce n’était pas si grave au fond, tant qu’on a la famille et qu’on s’aime. Si j’ai voulu faire ce métier c’est pour donner ce genre de bonheur aux spectateurs...

Quelle a été votre plus grande influence?
Louis de Funès, certainement. Le Tatoué est ma comédie préférée de tous les temps. Le mec qui voit un Modigliani tatoué dans le dos de l’autre et qui ne pense qu’à le lui découper : J’adorerai pouvoir jouer ça! De Funès entrain d’expliquer à Gabin qu’on va lui découper la peau, c’est irrésistible...

À un moment, pourtant, vous avez semblé lassé de jouer la comédie, non?
Non.J’ai voulu jouer aussi des rôles dramatiques parce que ça fait partie du plaisir de ce métier de pouvoir changer de personnages, de genre, et d’histoires.Je continue d’ailleurs à rechercher ce type de rôles.J’en ai fait quelques-uns en Espagne et j’ai adoré ça. Après, ce dont j’étais surtout fatigué, c’était de passer trop de temps loin de ma famille.J’ai eu peur de la perdre. J’avais aussi besoin de me ressourcer, de m’imprégner d’autres choses. La comédie, c’est un genre très exigeant qui demande beaucoup d’énergie. Je me suis donc arrêté deux ans.Pour vivre, tout simplement, car ma vie est toujours plus importante que ce qui se passe à l’écran.

Le retour a-t-il été difficile?
Non, mais j’ai eu l’impression que les budgets avaient explosé. Quand on a fait Rire et Châtiment avec ma femme, ça a coûté 5 millions de francs.Aujourd’hui, ce genre de petite comédie, c’est 13 millions... d’euros.Et pour un film moyen, il faut compter 20-25 millions.

Les acteurs sont peut-être trop payés?
Ce sont surtout les dépenses de marketing qui ont explosé.Pour exister, quand vous avez 18 films qui sortent la même semaine, il faut mettre le paquet en promo. Nous, on a intérêt à rester supermodulables, au contraire.Parce que si vous prenez deux millions d’euros sur un film, il va falloir faire un paquet d’entrées pour les rembourser. Et il n’y a rien de pire que de se retrouver le jour de la sortie d’un film avec un nombre d’entrées impossible à faire. L’autre problème quand on est « bankable », comme on dit, c’est qu’on est tellement sollicités que ça empêche de faire des petits films un peu risqués.Pour celui de Samuel, il a fallu se bagarrer pendant deux ans, alors qu’on l’a fait avec moins de 5 millions de budget.

On imagine que c’était différent pour La Vérité si je mens 3?
Oui, mais personne ne l’a fait pour l’argent. Il s’est passé dix ans depuis le 2 et tout le monde a bien évolué depuis.Il n’y avait pas de pression de ce côté-là.Juste l’envie de se retrouver et de retrouver les personnages, avec un scénario en béton armé. Tout le monde est revenu avec l’envie furieuse de jouer et d’envoyer du bois. C’était génial de voir les passes de ballon. Dans ces cas-là, on se retrouve spectateur de son propre film. C’est jubilatoire.

De Caunes-Garcia, c’est de l’histoire ancienne?
Oui, mais de la belle histoire. Je n’aurais jamais cru en les faisant que ces sketches auraient un tel succès sur la durée. Les gens m’arrêtent dans la rue pour me remercier du bonheur qu’ils ont pris à les voir et à les revoir. Comment je pourrais me lasser de ça?Je fais ce métier pour être aimé avant tout.