Après le rock (Janis et John) et les films policiers (J’ai toujours rêvé d' être un gangster), Samuel Benchetrit s’attaque à la comédie italienne avec Chez Gino. L’histoire d’un pizzaiolo (José Garcia) installé à Bruxelles qui, pour toucher l’héritage d’un parrain mafieux, embauche un réalisateur (Samuel Benchetrit) pour faire réaliser un faux documentaire dans lequel on le présente comme un caïd de la mafia régnant sans partage sur le business des pizzas en Belgique. Une comédie assez foutraque mais vraiment drôle, dans laquelle José Garcia trouve un rôle à sa mesure face à un Sergi Lopez énorme en (vrai) caïd inquiet des manigances d’un possible concurrent.
« J’ai fait ce film à la mémoire de mon père, qui adorait les comédies italiennes, raconte Samuel Benchetrit.Les gens modestes comme lui pouvaient se reconnaître dans les vies de ces personnages en proie à mille problèmes mais toujours pleins d’énergie.Il y avait une forme d’optimisme qui faisait qu’à la fin, même si on était toujours aussi pauvre et démuni, ce n’était pas grave du moment qu’on avait l’amour et une famille.On a perdu ça avec la comédie américaine qui est plus centrée sur la réussite et la comédie sociale anglaise qui est plus réaliste et plus crue. J’ai voulu retrouver cet esprit avec Chez Gino. Mais plus qu’un hommage à la comédie italienne c’est un film sur l’amour du cinéma ».

Ni tiède, ni formaté

Anna Mouglalis, que l’on a vu jusqu’ici dans des rôles plus glamour (Coco Chanel & Stravinski), fait ses premiers pas en comédie dans le rôle de la femme de Gino.On lui découvre un talent comique insoupçonné.Compagne du réalisateur à la ville, elle a cédé au défi : « Il m’a dit : j’ai un rôle pour toi mais tu n’y arriveras pas. Je ne pouvais pas laisser passer, évidemment, se souvient-elle. On hésite toujours à faire ce genre de films parce que les personnages féminins sont rarement valorisants.J’avais un peu peur du ridicule, mais j’ai fait confiance à Samuel.Et puis, c’était l’occasion rêvée de faire tout ce qu’on vous interdit de faire d’habitude sur un plateau de cinéma ».
« Ca a été le tournage le plus joyeux de tous les temps, raconte encore Samuel Benchetrit. À la fin, avec José, on ne pouvait même plus se regarder sans éclater de rire.Je voulais faire un film populaire dans lequel chaque scène pourrait être culte.Ca ne marche pas à tous les coups, mais au moins ce n’est ni tiède, ni formaté », conclut le réalisateur.
La bonne humeur qui a présidé au tournage se retrouve à l’écran et même si tout est effectivement loin d’être parfait, avec des ruptures de ton et de rythme déconcertantes, on en sort avec un grand sourire et un amour renouvelé du cinéma.