Présenté en compétition à Cannes, le 22e film de Ken Loach
(le dixième avec son scénariste attitré Paul Laverty) , a un peu déçu les
aficionados du réalisateur de Family Life, Raining Stones, Sweet Sixteen
et Le vent se lève (Palme d’or 2006). Les efforts de Ken Loach pour rendre
son cinéma plus accessible au grand public n’ont pas convaincu les
festivaliers. Il est vrai que beaucoup de détails du film (des intérieurs
un peu trop design, une histoire d’amour un peu trop convenue avec une
fiancée un peu trop « top model , des dialogues trop explicatifs, une
scène de torture un peu trop appuyée…) cadrent mal avec le cinéma vérité,
social, dénonciateur et revendicatif, que pratique le réalisateur
Anglais. Le sujet également (la privatisation de la guerre en Irak) a pu
paraitre déjà un peu « daté », bien qu’il n’ait jamais été vraiment
traité au cinéma. Et la sortie tardive du film ne risque pas d’arranger
les choses, d’autres problèmes planétaires ayant relégué au deuxième plan
l’actualité irakienne. Malgré tout, Route Irish reste largement au
dessus de ce que l’on a pu voir jusqu’ici sur la guerre en Irak
(Greenzone , notamment) et cela bien que le film se passe essentiellement
à Liverpool. Le manichéisme du propos (la guerre au seul service des
puissances de l’argent) n’empêche pas l’intrigue d’être crédible et
passionnante. La mise en scène est impeccable et l’interprétation,
remarquable, finit d’emporter l’adhésion. Amateurs de films d’action et
de thrillers politiques, ne pas s’abstenir.