Deux ans après l’excellent « Sens de la Gravité » (l’un des meilleurs albums francophones de 2009), les Fatals Picards publient cette semaine un nouveau disque au titre, on l’espère, visionnaire (« Coming Out »). Bien que fondés en 1998 avec dix albums et des centaines de concerts à leur palmarès, les Fatals ont, en effet, le plus grand mal à se faire connaître du grand public. Notamment dans notre région, où pour de mystérieuses raisons, ils n’ont jamais réussi à venir jouer alors qu’ailleurs leurs concerts affichent complet. Une injustice que réparera peut-être ce nouvel album, dont nous parle Jean Marc Sauvagnargues, le batteur du groupe…

« Coming out » paraît plus léger, moins « engagé », que « Le Sens de la gravité ». C’était voulu?
Oui et non. Musicalement, on avait envie de ne rien s’interdire, ce qui fait qu’il est sans doute plus varié que le précédent, avec même un titre électro à la fin (« Moonboots » NDLR). Les thèmes abordés sont aussi plus variés et sans doute plus légers parce qu’on a tous besoin de rigoler un peu par les temps qui courent. Mais « La France du Petit Nicolas », par exemple, aurait pu être sur « Le Sens de la Gravité ». C’est d’ailleurs ma chanson préférée de l’album.

Qui a fait quoi sur ce disque?
Laurent (Honel, membre fondateur et guitariste du groupe NDLR) a écrit la plupart des textes. J’en ai écrit deux et Yves (Giraud, le bassiste) une. Les musiques, on les travaille ensemble en studio et comme on a des goûts musicaux très différents, ça explique la variété des styles abordés. Warner a été très sympa, on a pu aller en studio chez ICP en Belgique et prendre des musiciens additionnels pour l’accordéon, les violons…

« Noir(s) » c’est un hommage à Noir Désir, à la Mano et aux Bérus?

Oui, c’est un peu notre « Rockcollection » à nous. Tous les groupes qu’on aime ont Noir dans leur nom.

Après Lavilliers, Superbus et Johnny, vous taclez Yannick Noah et Christophe Mae (sur « 1983 »). Est-ce bien raisonnable?
Sans doute pas, puisque Noah reste la personnalité préférée des Français. Déjà avec « Le jour de la mort de Johnny » on a provoqué un tollé auquel on ne s’attendait vraiment pas. Alors qu’il n’était même pas encore malade, il a fallu retirer la chanson du « Sens de la gravité », sous la pression de la maison de disques…

Pourquoi n’entend-t-on jamais vos chansons à la radio, ni à la télé?

Si je savais! On nous dit aussi qu’on est trop engagés, trop parodiques, trop régionalistes (alors qu’on n’est même pas picards!), trop punk, trop rock, trop variétés parce qu’on a fait l’Eurovision et qu’on a fini avant derniers…

Ce nouvel album est-il votre coming out grand public?
C’est mal parti puisqu’aucune chaîne ne veut passer le clip, qui est pourtant rigolo avec Dave et Armande Altaï. Heureusement, on a un public fidèle qui nous suit et rempli les salles. On fait plus de 100 concerts par an et notre 4e Olympia, en mai, est déjà presque complet.

Pourquoi ne vous voit-on jamais dans notre région?

Je me suis occupé personnellement de la programmation de nos concerts pendant sept ans et je n’ai jamais réussi à décrocher une date sur la Côte, alors qu’une partie de ma famille habite Antibes. Je lance donc un appel aux organisateurs de concerts : « Invitez-nous! On est gentils et ça ferait tellement plaisir à mon papy et à ma mammie! »