D’un premier film devenu culte, parce qu’il annonçait l’ère du cinéma digital et des jeux vidéo, mais qui fut un échec commercial cuisant lors de sa sortie en 1982, Disney a décidé de faire LE
blockbuster de l’année 2011. Le marketing est à la hauteur des ambitions : jeu vidéo, BO, accessoires, figurines, maquettes, lignes de vêtements, bijoux, produits technologiques griffés… Tout est prêt pour accueillir et soutenir le
succès planétaire attendu. A l’heure des jeux vidéo immersifs, le grand public devrait effectivement être prêt, cette fois, à apprécier l’univers vidéo ludique de Tron. Le film a donc été confié à un jeune prodige de la pub, Joseph Kosinski, qui a fait ses armes sur les jeux vidéo (on lui doit notamment les trailers de Halo et Gears of War). Et on peut dire qu’il a soigné l’emballage. Visuellement Tron est une indéniable réussite. Baignée d’une lumière bleue-noire, sa mégalopole, ressemble à une version congelée de Dubaï et la 3D est la meilleure que l’on ait vu depuis Avatar. Les scènes de combats et celles mettant en œuvre les fameux Lumicycles (sérieusement relookés, heureusement) sont réussies (il valait mieux ne pas les rater, d’ailleurs). La musique techno-symphonique de Daft Punk est parfaite et l’un des très bons moments du film met en scène le duo Français, en DJ de la boîte de nuit tenue par un sosie de David Bowie (Michael Sheen, excellent).
D’où vient alors que Tron L’Héritage déçoit quand même l’attente des fans? Du scénario d’abord, salmigondi techno-new age aussi indigeste que puéril. Des personnages ensuite, esquissés à gros traits et interprétés par des acteurs en roue libre (Jeff Bridges virtuellement inexistant). Des effets spéciaux enfin, loin d’être aussi innovants que ceux du premier film. À part la transformation des Lumicycles, il n’y a rien ici que l’on n’a déjà vu ailleurs. Sur ce point précis, on espérait beaucoup mieux de Tron 2. Trop sans doute.
Reste l’indéniable plaisir d’une nouvelle cavalcade sur La Grille, presque 30 ans après le premier run.