Après une année d’embellie, avec une baisse de revenus contenue à moins 3, 2 %, le marché français de la musique a de nouveau rechuté en 2010. La baisse, chiffrée hier par le Snep (Syndicat national des éditeurs phonographiques), est de 6 %. Avec un chiffre global de ventes de 554,4 millions d’euros, les maisons de disques ont encore perdu l’an dernier 34 millions d’euros de chiffre d’affaires. En huit année des baisses consécutives, ce dernier est passé de 800 millions d’euros à moins de 300 millions. Selon les responsables du Snep, réunis hier comme chaque année au Midem, les mauvais résultats de l’année écoulée doivent toutefois être relativisés. En 2009, la mort de Michael Jackson avait en effet considérablement dopé les ventes. Rapportés aux résultats de l’année précédente, hors ventes liées à la mort du King of Pop, la baisse de 2010 ne serait plus que de 2,5 % et pourrait en grande partie s’expliquer par les mauvaises ventes de fin d’années, liées aux grèves et aux intempéries.
Pour le reste, en effet, les chiffres sont plutôt encourageants. Certes, les ventes physiques continuent à baisser (-10 % pour les albums, - 44 % pour les singles) et selon un rapport de la Hadopi rendu public au Midem, un internaute français sur deux reconnaît continuer à télécharger illégalement.Mais les ventes en ligne progressent de manière satisfaisante (+14, 1 %) avec une hausse de prés de 30 % des téléchargements sur les plateformes légales. Les revenus des abonnements pour l’écoute en streaming (sans téléchargement) ont littéralement explosé (+ 60,5 %), grâce notamment à la signature d’un partenariat entre Deezer et Orange qui propose désormais des abonnements couplés aux forfaits téléphoniques. Deezer a ainsi engrangé en quelque mois quelque 500000 abonnés payants! De nouvelles offres devraient apparaître en 2011 qui laissent augurer, selon le Snep, d’une très forte croissance sur ce secteur.

Explosion des abonnements
D’une manière générale, que ce soit pour le téléchargement ou le streaming, l’abonnement est devenu le nouvel eldorado des éditeurs de musique. Une position qui ne manque pas de piquant lorsqu’on se souvient de la bataille qu’ils avaient menée contre la licence légale, qui était une forme d’abonnement. À l’époque, le patron d’Universal, Pascal Nègre jurait à qui voulait l’entendre que 10 euros mensuels ne permettraient jamais de rémunérer les artistes. Aujourd’hui, les offres démarrent à moins de la moitié et M. Nègre est le premier à s’en féliciter. Le patron d’Universal est également en pointe contre le streaming gratuit, financé par la publicité (tel que le pratique Deezer) dont il assure que ce n’est pas une formule viable : « Deezer doit basculer sur un modèle payant, estime-t-il. Si le service gratuit sert à recruter des abonnés premium, alors il faut recruter. Or le nombre d’utilisateurs du service qui passent du gratuit au payant est infime ». Autres bêtes noires du syndicat, les radios FM qui ne programment pas assez de nouveautés à leur gout. Selon le Snep, seuls 11 nouveaux artistes ont été programmés sur les ondes françaises en 2010 et 90 % des rotations se font sur à peine 15 titres. Que fait le CSA? « Il ne prend pas la mesure de nos difficultés, s’insurge Denis Ladegaillerie, le président du Snep. On attend plus que de simples discussions désormais, il nous faut du concret ». A bon entendeur...


Le top des ventes 2010
Ce classement comprend pour la première fois les ventes physiques et numériques fusionnées. Alors que 88 % des ventes de singles se font désormais par téléchargement, c’est l’inverse pour les albums qui s’achètent à 94 % en CD.

Albums
1 Christophe Maé
2 Les Prêtres
3 Les Enfoirés
4 Yannick Noah
5 Jean Ferrat

Singles
1 Shakira
2 Stromae
3 René la Taupe
4 Sexion d’Assaut
5 Ke$ha
.Source Snep