Avant de déjeuner avec les jeunes espoirs de la musique française (dont le Niçois Medi), mis à l’honneur cette année par le Midem, Frédéric Mitterrand s’est fait les dents avec un bel appétit, hier matin à Cannes, sur les géants de l’internet, une nouvelle fois accusés de profiter de la manne culturelle sans en payer les droits.

Intervenant dans le cadre de l’inauguration du marché international des éditions musicales, qui se tient à Cannes jusqu’à mercredi inclus, le Ministre de la culture a clairement réaffirmé son intention de « mettre à contribution » les « grands acteurs de l’Internet » et de « leur rappeler qu’ils sont les débiteurs de ceux qui créent et qui distribuent les œuvres culturelles ». « Je n’accepte pas l’idée de notre pseudo-impuissance à mettre à contribution les revenus importants qu’ils tirent de la publicité en ligne » a-t-il martelé devant les professionnels de l’industrie du disque réunis pour leur convention annuelle.

Le ministre s’est ainsi engagé à reparler « dès la semaine prochaine » de ce que l’on a appelé la « taxe Google » devant la commission européenne.Il ne désespère pas, en effet, d’arriver à réactiver le projet, « malgré les obstacles techniques et communautaires qu’on nous a jusqu’ici opposés ». Dans la foulée, M.Mitterrand, décidément très offensif, a annoncé qu’il remettrait sur le tapis la question de la TVA à taux réduit pour la musique.« Les soutiens sont de plus en plus nombreux et la position de l’Union commence à évoluer, a-t-il déclaré. 2011 sera une année décisive ». «Redoubler d’efforts»

Sur le plan strictement intérieur, le ministre de la Culture a reconnu que la mise en place de l’Hadopi (la haute autorité de lutte contre le piratage sur internet) et de la Carte Musique avait connu « de nombreuses difficultés » mais, selon lui, le dispositif est désormais « en ordre de marche » : « 2010 a été une année de fondation, 2011 sera celle de la construction » estime-t-il. Pour ce faire M.Mitterrand a annoncé une nouvelle série de mesures de soutien à la filière musicale, dont. la revalorisation du crédit d’impôt à la production et le déblocage d’un fond d’avance aux industries musicales « à hauteur de 10 millions d’euros ».

Concernant la Carte Musique, dont le lancement s’est également révélé décevant (50000 demandes seulement), M.Mitterrand a affirmé vouloir « redoubler d’efforts » pour la promouvoir et la faire adopter, avec une nouvelle campagne de communication, une sensibilisation en milieu scolaire, le lancement de nouvelles fonctionnalités et, probablement, l’édition de cartes physiques. « L’illusion du tout gratuit sur Internet est encore solidement ancrée, constate le ministre, il faudra encore un peu de temps pour modifier les comportements ». En attendant, le chiffre d’affaires de la filière musicale a encore baissé l’an dernier.