Pouvez-vous nous rappeler comment vous êtes devenue « Mme Pièces Jaunes »?
Au départ, c’était une association créée par le professeur Claude Griscelli pour améliorer les conditions de vie des enfants hospitalisés. Quand j’en suis devenue présidente, j’ai décidé d’ en faire une fondation et d’élargir son action à tous les hôpitaux de France. C’est ainsi qu’a été créée la Fondation des hôpitaux de Paris, hôpitaux de France, au profit de laquelle va la collecte des pièces jaunes: 3,5 millions d’euros l’an dernier.

La collecte a connu en 2010 une baisse assez importante. Pour quelles raisons selon vous?
Tout l’humanitaire a souffert de la crise et continue d’en souffrir. Le lancement de la campagne, l’an dernier, a coïncidé avec le tremblement de terre d’Haïti et les Français se sont mobilisés pour une cause qu’ils estimaient plus urgente, ce que je comprends parfaitement. Mais cette année, il faut que l’on retrouve notre niveau habituel.

Est-ce que cela explique votre engagement médiatique ?
Je dois effectivement me donner encore plus de mal pour convaincre les Français qu’avec les euros qu’ils donnent, on va pouvoir réaliser des projets très importants dans les hôpitaux de leurs villes. Même si ce n’est pas ma pente naturelle de me mettre en avant, je suis là pour faire tinter le nom de l’opération sous tous les clochers de France. Ça passe très vite un mois et demi de collecte...

Pourquoi ne pas allonger la durée de la collecte?
On l’a déjà fait et on peut difficilement aller au-delà. La logistique de l’opération est lourde et coûte très cher.Nous avons dû abandonner le «TGVPièces jaunes» pour des questions de coût, alors que c’était très populaire.Et puis on ne veut pas empiéter sur la période de collecte des Restos du Cœur, qui souffrent également de la crise. L’hiver est rigoureux et il y a beaucoup de gens en détresse.

Choisir un footballeur comme parrain de la collecte 2011, était -ce une bonne idée?
Christian Karembeu fait partie de l’équipe qui a été championne du monde.C’est un garçon charmant, doux, qui aime les enfants et sait leur parler.Sa femme est également marraine de la Croix Rouge.C’est un couple idéal et je suis très contente de mon choix.

Considérez-vous que l’engagement humanitaire fait partie de vos devoirs d’ex-première dame?
Non.J’appartiens à une famille relativement gâtée par la vie qui estime que l’on doit redonner aux autres un peu de ce qu’on a reçu. Le côté très populaire de l’opération Pièces jaunes me plaît énormément et j’y suis très attachée. Bien entendu, nous avons d’autres donateurs très importants.Mais ce qui me touche le plus dans le succès des pièces jaunes, c’est que ce sont des gens modestes qui donnent.

Vous avez été la première épouse de président à incarner en France le modèle de la « première dame ». Comment jugez-vous le travail de celle qui vous a succédé?
«Première dame», c’est une invention des journalistes.Avant moi, ils n’avaient sans doute pas encore trouvé le terme! (rires). Chacune des épouses de président a eu son profil: Mme Pompidou a fait beaucoup, Mme Mitterrand était une grande militante... Sur Carla Sarkozy, je ne peux faire que des éloges. Elle est belle, élégante dans une grande sobriété, charmante, très intelligente, cultivée, et en plus c’est une artiste.

Vous a-t-elle demandé conseil?
Je n’ai pas de conseils à lui donner, elle fait ça très bien.En revanche, il est possible que je l’aide à être utile à la réélection de son mari. Elle me l’a demandé et je lui ai promis de le faire.

Votre mari a confié que vous aviez été la seule à prévoir que JM Le Pen serait au second tour de la présidentielle de 2002. Comment voyez-vous l’élection de 2012?
Je suis persuadée que le président Sarkozy sera réélu.Il a une énergie farouche, il est rapide, intelligent et travailleur.Je ferai tout pour qu’il soit réélu.A gauche, c’est la pagaille. Et MarineLe Pen, ce n’est pas son père.Lui, c’était un bateleur d’estrades.Elle, c’est encore une jeune femme.Je sais qu’elle plaît, mais qu’est ce qu’elle va donner en campagne électorale? On n’en sait rien du tout.

Vous-même serez-vous candidate à votre succession en Corrèze?
Bien sûr.Être l’élue d’une région rurale est une de mes grandes fiertés.J’ai encore des projets importants que je voudrais voir terminés et d’autres que je voudrais lancer. Ce sera dur, mais je vais essayer. Je souffrirai beaucoup que le nom de Chirac disparaisse de Corrèze.

La retraite ne vous tente pas?
Vous me voyez rester chez moi à faire la popote pour un mari ancien président de la République qui a toujours eu l’habitude d’avoir cinquante personnes pour le servir? Merci très peu pour moi! (rires) J’ai la chance de pouvoir servir de grandes causes, les abandonner serait terrible. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je comprends parfaitement que l’on aspire à la retraite lorsqu’on a eu un travail pénible et une vie difficile. Je ne peux pas dire que cela a été mon cas.