Vendredi 7 août

Me voici donc en Pologne depuis le 24 juillet, et j'ai passé une semaine à Białystok pour le congrès mondial d'espéranto ( du 25/07 au 01/08).
Mon mari et moi sommes partis en "camping-car", avec le projet de visiter ensuite (à partir du 1er août) le nord de la Pologne.
Nous sommes arrivés par la République Tchèque, car j'ai tenu à y acheter de la "Karlovarska" Becherovka (je n'ai jamais réussi à en trouver en France, et mes recherches sur l'internet n'ont rien donné). A Wrocław, nous faisons quelques achats dans un supermarché. Je regarde les cartes de téléphone, un monsieur me dit que je dois m'adresser à la caissière. Je lui réponds "Nie wiem, czy to jest dobrze dla mnie..."

A l'arrivée à Białystok, je réussis à demander (et à trouver) notre chemin, d'abord en anglais, puis en polonais successivement auprès de 2 autres personnes, sans trop de difficulté.
Premier souci: pas de camping à Białystok même. Les cartes "Michelin" en indiquent un au sud-ouest de la ville, mais en réalité il est fermé depuis 6 ans. Nous sommes donc restés sur le campus de la "Polytechnika" où avait lieu le congrès.
Au bout d'un jour ou deux, deuxième "événement" un peu désagréable: une panne de gaz (pour notre frigo). Nous voici donc à la recherche d'une bouteille de "camping gaz international". Très aimablement, dans une galerie marchande d'un centre commercial, un vigile nous indique le seul point de vente et de recharge de Białystok. Nous nous y rendons. La dame du magasin est un peu énervée (apparemment un de ses employés a eu un accident). Mais elle est de bonne volonté, et cherche à nous renseigner..Bien vite, nous comprenons qu'il nous faudrait acheter une bouteille à la norme polonaise, mais nous hésitons un peu. Les bouteilles d'ici étant d'un diamètre supérieur aux nôtres, nous continuons à chercher.
Nous essayons Auchan. A l'entrée, une employée nous interpelle. Nous sommes en train d'entrer avec des (petits) sacs à dos. Crime!!!
La cerbère est une jeunette qui ne déparerait pas dans un film de Walt Disney (dans le rôle de Cruella). Brune, très maquillée, presque anorexique. Je lui explique que je parle un peu le polonais, mais le comprends mal. Impassible, elle me répond quelque chose en polonais, d'un air pas du tout aimable. Il faut emballer nos sacs à dos et les sceller. Qu'à cela ne tienne, nous les lui tendons. Mais non, il faut le faire nous mêmes! Nous avons l'impression d'être des criminels en puissance (Bon sang, imaginez-vous que des touristes français vont aller jusqu'en Pologne pour piquer dans les rayons d'Auchan? Cela confine au ridicule, mais bon, la règle c'est la règle, elle vaut pour tous!...). Le problème c'est que même si c'est facile, je n'ai jamais eu à faire cela en France. D'ordinaire, un employé est préposé à cette tâche. Cruella nous regarde d'un air méchant. Pas un sourire, pas un mot aimable.
Après quelques emplettes, nous ressortons un peu énervés.
Le lendemain, nous retournons à l'entreprise qui vend du gaz. Un employé très sympa, répondant au prénom d'Andrzej, examine avec nous les problème techniques. Il nous faut une nouvelle bouteille, mais aussi un détendeur et un tuyau. Il communique avec mon mari dans un anglais plus que rudimentaire, mais ça fonctionne!.
C'est mercredi, jour de relâche du congrès. Un programme alternatif aux excursions est toutefois prévu de 16 à 20h: "pique-nique" dans un établissement au nord de la ville, avec visite d'un écomusée. Nous sommes un peu en retard, à cause des problèmes de gaz. Quand nous arrivons, nous découvrons qu'en fait de pique-nique" il s'agit plutôt d'un buffet. Il est un peu plus de 18h. Nous commençons à nous servir, mais on nous presse: un groupe démarre pour la visite du village à l'ancienne. La responsable de l'excursion nous assure que nos assiettes nous attendront. Elle va le spécifier aux employés. Je mange toutefois les plats chauds en hâte, laissant la charcuterie et les crudités pour mon retour.
Quand "nous" revenons (c'est à dire un groupe d'une dizaine de personnes) vers 19h15 (ayant copieusement servi de repas aux moustiques locaux!), les employés ont tout débarrassé!!!. Un des guides polonais espérantistes proteste, on nous remet le couvert à contre-coeur. Je goûte la bière au pain, et diverses autres spécialités.

Le lendemain, pour un atelier sur les problèmes écologiques, je dois faire imprimer des documents. On m'indique une boutique de reprographie proche. L'employé n'est pas très aimable, et il ne parle que le polonais. Qu'à cela ne tienne, mon stock de mots et de phrases est suffisant pour lui demander quel est le prix de ses services, lui expliquer que je veux transformer mes pdf en livrets A5 (de 12 pages, soit 3 feuiilles recto-verso). Tout se passe bien. Mais je ne serai pas pour autant gratifiée du moindre sourire.
Samedi 1er, clôture du congrès, nous partons pour Augustòw. Nous dormons dans une petite rue à l'écart, dans l'est de la ville. Au matin, conversation sommaire avec un charmant monsieur d'une soixantaine d'années qui admire notre véhicule, nous dit qu'il aurait bien voulu en acheter un, en a cherché d'occasion sur l'internet, mais que c'est trop cher pour lui. Il nous demande combien de temps on reste en Pologne, on lui répond environ deux semaines. Il a dû nous raconter bien plus de choses, mais j'avoue n'en avoir compris qu'une partie. Ce qui est frappant avec nombre de personnes unilingues, c'est qu'elle n'ont souvent qu'une vague compréhension des difficultés auxquelles peut être confronté un étranger en phase d'apprentissage. Dès qu'on est capable de faire une dizaine de phrases compréhensibles, on est supposé pouvoir tout comprendre, et on est soumis à un flux rapide de phrases auxquelles souvent on ne pige rien ou presque.

On va voir une écluse sur le canal d'Augustòw, entre Studzieniczna et Płaska
Le lendemain, étape près d'Ełk. Camping à la ferme à 7 km de la ville, que des Allemands. Mais la propriétaire parle italien, ça tombe bien, moi aussi! Dîner avec les pensionnaires, soupe aux champignons, poisson et pommes de terre. Très bon. J'ai demandé si je peux acheter une carte de téléphone polonaise afin d'économiser sur mes communications. La propriétaire de la ferme m'assure qu'Orange Pologne peut me fournir une carte sim pour 20 zlotys. Le lendemain, je me rends donc à Ełk dans une boutique Orange. Des deux (jeunes) employés, aucun ne parle anglais. Mais ma connaissance du polonais est insuffisante pour expliquer en quoi consiste mon attente. On me renvoie à une autre boutique. Là, une employée me dira qu'il vaut mieux pour moi acquérir une carte "Hey" (cela s'avèrera par la suite incompatible avec mes attentes...).
Mikołajki, étape près d'un des grands lacs mazures, emplettes. Mon mari achète un pantalon dans une échoppe en plein air. Le (jeune) marchand trouve que je parle "bien" polonais (je souris intérieurement: il jauge cela à l'aune de ses propres compétences en langues, qui doivent être limitées à sa langue maternelle). Tout au plus ai-je pu lui demander le prix, l'interroger sur les tailles, comprendre qu'il y a une cabine d'essayage, et lui dire qu'on achetait le pantalon.
Sur la route vers Elbląg, nous nous arrêtons à Piławki dans un petit camping au bord de la route. Nos voisins sont des Belges flamands (et bilingues). La dame répond à notre "Bonsoir" par un: "Ah, enfin quelqu'un qu'on peut comprendre!!!". En Pologne, ils se "débrouillent" avec un peu d'anglais mais surtout de l'allemand. Cependant, ils trouvent que ce type de communication est très limité en Pologne, et semblent assez frustrés.

Canal d'Elbąg: nous assistons au passage d'un bateau sur une "cale". Je demande à un des employés si le nom du bateau (qui me semble ressembler à "Sirène") signifie femme-poisson. Il me répond que non, et me dit comment on dit "sirène" en polonais (j'ai oublié depuis).

De ces quelques jours (un peu plus de trois semaines) en Pologne, je conserve les impressions suivantes.
Ce pays a beaucoup changé depuis 22 ans (date de mon premier séjour), mais même depuis 4 ans (date de mon précédent passage). Sur les routes, beaucoup plus de voitures et puissantes, et "gourmandes" (dont beaucoup de 4x4), et pas mal de chauffards. Partout, des annonces de "crédit facile". C'est un pays "modernisé", mais qui "brûle la chandelle par les deux bouts". Le réveil risque d'être très dur quand la crise va les rattrapper (car cela me semble inévitable).
En conclusion (provisoire).
Les guides de voyage (c'est bien normal) mettent toujours en exergue des qualités supposées des peuples que l'on va rencontrer quand on se rend dans leur pays (les guides vous parlent toujours d'hospitalité, d'accueil etc...). En fait, en Pologne comme dans pas mal d'endroits, on trouve absolument toutes sortes de gens, mais les Polonais sont désespérément semblables à tout ce que nos sociétés de consommation produisent d'individus formatés, individualistes et parfois décérébrés.
La Pologne est un pays en pleine transformation. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je dirais qu'ils commettent les mêmes erreurs que nous avons commises depuis une cinquantaine d'années (mais surtout les 30 dernières). Mon impression est qu'ils renoncent à des valeurs "sûres" ou "conviviales", à leurs traditions, pour se ruer dans une pseudo "modernité".
Bien évidemment, on ne peut s'attrister qu'ils aient une meilleure vie que voilà 20 ou 30 ans, mais encore faudrait-il savoir en quoi elle est "meilleure" ou pire, à quelle proportion d'habitants cela profite, et surtout, si cela sera durable...

Dans un prochain article, je parlerai des stations balnéaires de la Baltique.