Chaque jour vit un nouveau cavalier
Entrer dans la forteresse maudite ;
Chaque jour, la vaste foule interdite
Voyait la même scène se dérouler.


Nombreux étaient les hommes prisonniers
Des maléfices du château ténébreux
Et encore plus nombreux étaient ceux
Qui attendaient la nuit pour s’esquiver.


Il n’y eut bientôt plus aucun héros
Pour relever le terrible défi
Et de nouveau, la belle dépérit
Puis passa tout son temps au bord de l’eau…


Un jour gris, elle décida de rester
Près du lac, et sans même réfléchir,
De laisser ce vert écrin l’accueillir
Pour pouvoir son chagrin y oublier.


A la vue d’un homme qui se baignait,
Elle détourna son regard plein de pleurs
Mais décida vite que ni pudeur
Ni rien d’autre ne pourrait l’arrêter.


Elle s’avança donc résolument
Entra dans l’eau verte, sombre et glacée,
Laissa sans bruit l’onde la submerger
Et puis elle hurla silencieusement.


Non, retenez vos larmes, demoiselle
Car cette histoire ne s’achève pas là…
La belle peu après se réveilla,
Un doux visage penché au-dessus d’elle.


Car l’homme l’avait vue et secourue…
Il était étranger, elle prit donc peur
Mais vite étouffa sa sotte terreur :
Elle devait la vie à cet inconnu.


L’homme la regardait d’un air inquiet
En effet, la belle mourait de froid…
Il finit par la prendre dans ses bras
Et puis l’enlaça pour la réchauffer.


Pour l’honneur elle aurait dû protester
Mais une douce torpeur l’en empêchait
Et dans ce simple geste elle ne voyait
Aucun mal, mais un don sincère, entier…