Les arbres noircirent, la rivière tarit,
Les oiseaux se firent rares ou bien muets
Les fleurs furent instantanément fanées
Les animaux fuirent et l’Homme suivit.


Seul demeurait au cœur de la vallée
Sous un ciel totalement obscurci
Le château devenu soudain maudit
Noyé dans une clameur désespérée.


Ce qui retentissait ainsi sans fin
Etait les plaintes des nombreux suppliciés,
Seule la voix du seigneur pourtant blessé
Manquait au sinistre chœur inhumain.


Certains paysans, fous ou courageux
Affirmaient pourtant l’avoir aperçu
Vivant mais meurtri et l’air abattu
Derrière un lointain créneau ténébreux.


On disait sa blessure affreuse, terrible
Mais il refusait de même gémir…
Il ne pouvait ni guérir ni mourir
De par cette malédiction horrible.


Oh… et sa fille ? Etait-elle en ces lieux ?
Et bien non, car par un heureux destin
La belle cueillait des simples au bois voisin…
Peut-être était-ce un signe, la main de Dieu ?


De simples et braves gens surent l’accueillir
Mais loin de son beau château perverti
Et puis surtout de son vieux père meurtri
Bien vite elle commença à dépérir…


Puis un jour, elle partit, le regard froid,
Traversa les sombres et profonds marais
Passa les cols, les immenses forêts
Et se rendit jusqu’à la cour du roy.


La tête haute, elle narra son chagrin,
Et au preux qui du mal triompherait
Elle promit que sans faute elle offrirait…
Ce quelle avait de plus précieux. Sa main.


Les candidats affluèrent à l’instant
Il fallait les voir, massés, se presser
Et rivaliser de prose enflammée…
Il faut dire que la belle l’était vraiment.