D'habitude les textes naissent d'un mot, d'une tournure ou parfois d'une situation qui s'imposent à moi et m'obsèdent jusqu'à que ce que j'en fasse quelque chose. Le petit texte qui suit est curieusement né d'une image, ce qui est inhabituel et c'est pourquoi je le souligne ici bien que l'intérêt pour vous de cette remarque soit très modéré...



Ca commence par un frémissement dans la poitrine

Qui se déchire, se noie et se remplit de vide ;

Là va naître le premier mot, la première lettrine,

Se former les lignes qui s'enrouleront, avides

Autour de mes nerfs à vif, de mes muscles rêches.

Elles vont se mêler à la trame de mes veines

Et puis remonter le long de ma gorge sèche

En sombres volutes lettrées, en brumes de peine.



Les mots, douloureuses épines, vont percer ma peau

Plus tard peut-être fleuriront-ils en douces rimes

Mais pour l'heure, douleurs, ils hérissent mon cerveau

Qu'importent le monde, le réel : c'est leur loi qui prime !

En moi, hors moi, sans moi, sans fin ils tissent leur toile

Tapissée d'étoiles, et sans bruit construisent l'arène

Dans laquelle j'agoniserai bientôt sous un voile

Un sourire aux lèvres ; ma muse est ici la reine.