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Ambalavao (Madagascar) - Un stand de jeu informel sur le marché. J'observais les hommes qui jouaient au dominos en misant quelques billets pour pimenter le jeu. J'ai vu arriver au loin ces deux femmes. C'est l'étrange chapeau de la dame la plus âgée qui a attiré mon attention. J'étais loin de me douter qu'elles allaient s'arrêter devant la "table de jeu" et que la plus âgée s'emparerait des dominos. Elle a fait cinq ou six parties qui se jouent chacune en quelques secondes. Elle les a toutes gagnée, ce qui provoquait chez elle de grands éclats de rires. Visiblement elle vivait intensément le jeu. Mais lorsqu'elle a commencé à perdre, elle reposé définitivement les dominos, salués les autres joueurs en souriant toujours et tourné les talons. Je suis allé la voir avant qu'elle ne reparte car cette dame au drôle de chapeau m'intriguait. C'est la propriétaire d'un restaurant assez "réputé" dans la ville. Pour elle, miser quelque milliers d'ariary ne lui pose pas de problème. "Je viens souvent jouer les jours de marché, m'a-t-elle confié dans un excellent français. Les autres joueurs me connaissent bien. Ils savent que lorsque je commence à perdre j'arrête immédiatement". Sage précaution.

Ambalavao (Madagascar) - Une fois n’est pas coutume, sur cette photo les enfants ne jouent pas d’argent… Mais des élastiques. Ne me demandez pas le nom de ce jeu, ni les règles. J’ai juste compris qu’il se jouait avec trois dès (cachés par la main du jeune joueur avec le T-shirt rayé bleu et blanc. En revanche, ils sont visibles sur le PIP). J’ai rencontré ces jeunes un peu à l’écart du marché d’Ambalavao. Je me suis approché. Ils ne m’ont accordé qu’un vague regard, trop absorbés par la partie qui faisait rage. Je suis resté quelques minutes à les observer de très près, autant pour comprendre la règle que pour qu’ils s’habituent à ma présence. Je cherchais aussi le meilleur angle pour prendre ma photo sans les déranger. Je n’ai pas eu d’autre solution que choisir la focale la plus courte (équivalent 25 mm en 24X36) et de tendre mon boîtier à bout de bras au-dessus de leurs têtes. Et puis cette vue plongeante allait me permettre de diversifier le point de vue de ma série, afin de lui donner un peu de relief et éviter la monotonie de cadrages trop identiques. Première photo (voir PIP) les gamins ne se rendent même pas compte que je photographie. Je fais trois photos en mode vue par vue. Sur aucune, ils ne me regardent. Je me dis qu’il faut au moins une image où je vois leurs yeux pour donner apporter un peu d’humanité. Même si ne la conserve pas lors de la sélection finale. Il faut que je puisse avoir le choix, sous peine de le regretter. Il n’y a rien de pire que les regrets. Comme ils sont toujours plongés dans le jeu, je crie : « Coucou les enfants… ». Quelques têtes se lèvent. Je déclenche au hasard puisque je n’utilise pas l’écran de contrôle pourtant amovible. Erreur ? Je n’y pense jamais à cet ustensile qui pourrait parfois être utile. Si sur cette photo je l’avais utilisé, peut-être aurait-elle été un peu mieux cadrée. En tout cas, malgré cette imperfection, elle me convient. Certaine photos trop parfaites peuvent parfois manquer de naturel. Toujours est-il qu’ils m’ont remercié pour cette photo, mais ne m’ont pas demandé à la voir. Et ils se sont replongés dans le jeu. Moi, je me suis éloigné.

Ambavalao (Madagascar) - Comme on peut le voir sur le carton qui sert de plateau, ce jeu de hasard se joue avec trois dès. Ici c'est l'exception qui confirme la règle. On ne joue pas d'argent, mais... Des élastiques. Sur toutes les photos que j'ai pu prendre, c'est la seule fois où les enfants jouaient pour le seul plaisir de s'amuser. Sans le moindre enjeu financier.

Antsirabe (Madagascar) - Je poursuis ma série malgache sur le jeu. Pour cette photo, je suis dans un petit bidonville de la ville d’Antsirabe. Une ancienne cité thermale baptisée « la Vichy malgache » du temps de la présence française. Antsirabe se trouve à un peu plus de 3 heures de la capitale Antananarivo, en taxi de brousse. J’étais déjà venu dans cette ville en 2016. Dans ce petit bidonville situé non loin du centre ville, j’avais réalisé une série de photos sur le quotidien des malgaches. Je suis revenu en ce lieu cette année, quelques jours avant la fin de mon voyage, essentiellement pour retrouver les gens de ce bidonville qui m’avaient particulièrement bien accueilli. D’autant qu'à l'époque j’étais resté plusieurs jours. Cette année, j’ai à peine reconnu le lieu. De nombreuses baraques en tôles et en bois ont été détruites pour installer un espace sensé être une nouvelle station pour taxis de brousse. En réalité c’est un terrain boueux d’où arrivent et repartent les véhicules de transport. Il reste cependant quelques baraquements et j’ai pu retrouver des gens rencontrés en 2016. Certains se souvenaient de moi. Je suis tombé par hasard sur cette partie de billard entre les véhicules de transport et les gargotes qui subsistent. Bien entendu, ici aussi on joue de l’argent. Pour faire mes photos, j’avais le dos contre la carrosserie d’un taxi de brousse. En plus, l’endroit baignait dans les gaz d’échappement. Au point que j’ai réalisé mes photos avec un foulard pour me protéger le nez et la bouche. Je suis revenu le soir. L’air était plus respirable car la plupart des taxis de brousse étaient partis. Mais les joueurs de billard n’étaient plus là. Voir également le PIP

Antsirabé (Madagascar) - Aujourd’hui commence une série sur les jeux de hasard et d’argent dans la société malgache. Comme en Asie, on joue beaucoup en Afrique. Et la Grande-île n’échappe à cette pratique. Comment pourrait-il en être autrement dans ce pays où les possibilités de se distraire sont proches du néant pour la majorité de la population ? Du nord au Sud et d’Est en Ouest, on joue. On joue partout. Surtout dans la rue. Et on mise de l’argent. Systématiquement. Le jeu pour le simple plaisir semble n’avoir aucun intérêt pour les malgaches. Plus que le jeu, c’est la perspective du gain qui est au centre des préoccupations. On a toujours l’espoir de gagner et d’améliorer un ordinaire peu brillant. Les anciens comme le jeunes, personnes n’échappe à l’attrait des jeux d’argent. Même les enfants s’y mettent dès qu’ils ont intégré la maîtrise les règles. Règles apprises en observant leurs aînés. Ici, tout est bon pour jouer -et perdre le plus souvent- quelques billets. Du simple pari entre amis au jeu de cartes en passant par les dés, le bonneteau ou les dominos voire la pétanque qui ici est un sport national. Et bien d’autres jeux de plateaux qui pour moi, restent des énigmes. Même une simple partie de baby-foot ou de billard est inconcevable sans une poignée de billets à la clé. Les gens que j’ai photographiés en situation de jeu, ont été croisés au hasard de mes déplacements. Pas de recherche particulière, il y a des joueurs à tous les coins de rues. Ces gens là, souvent en dessous du seuil de pauvreté, ne parient que quelques centimes d’euros. Certains misent parfois deux ou trois euros, mais là, ce sont déjà des sommes plus conséquentes qui permettraient à une famille de se nourrir deux ou trois jours. Mais c’est plus rare. Ceux qui jouent de telles sommes sont déjà dans une spirale d’addiction. Et bien entendu, à Madagascar il n’existe à ce jour aucune politique de protection contre les dépendances. Même si l’on ne voit pas les billets sur la photo ci-dessus, ces jeunes jouent de l’argent. Dès qu’un but est marqué celui qui l’a encaissé, pose rageusement un ou deux billets de 200 ariary (0,0050 centimes d’euro) et celui qui l’a marqué se saisit de l’argent l’empochant immédiatement. Il n’a pas fallu plus de 2 secondes pour que l’argent surgisse et disparaisse sous mes yeux. J’ai été à deux doigts de passer à côté cette scène qui se jouait à proximité du marché couvert d’Antsirabé. Les jeunes se trouvaient dans une étroite ruelle devant laquelle j’étais passé plusieurs fois sans la voir. Ce sont les cris des joueurs qui ont attiré mon attention. Ils ont vu que j’étais là puisqu’ils m’ont dit « bonjour » sans relever la tête du jeu. Ils étaient trop absorbés par la partie pour s’occuper de ma présence et engager une conversation. Alors j’ai pris quelques photos, puis je suis reparti. Je ne suis par certains qu’ils aient vu que j’étais parti. La femme à la fenêtre qui à l'air de s'embêter, apporte un petit plus à cette photo.

Arrivé hier de Phnom-Penh à Siem-Reap, après 40 minutes de vol, j’ai directement filé à 20 km, dans un tout petit village de moins de 300 habitants. C’est là que réside la belle-famille de mon ami Phil (président de l’ONG Action Bénarès). Avec Mum, son épouse qui est née ici, ils étaient arrivés la veille en provenance de Suisse. Nous avons été accueillis comme des « rois ». Et la nuit a été courte. Auparavant nous étions allés apporter du petit matériel médical dans le dispensaire local. Mais avant la fête, qui nous attendait j’ai eu le temps, hier en fin d’après-midi, d’aller faire quelques photos dans le village. Celle que je vous propose ci-dessus est l’une des toutes premières. J’ai vu ce petit groupe qui était très animé. J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’un jeu. Je me suis approché et j’ai vu que même les enfants pariaient de l’argent. Ils ont voulu m’expliquer le principe de ce jeu. Ils ne parlent pas l’anglais et moi, je ne parle pas le Khmer. Alors je n’ai rien compris. Pour cette photo j’ai porté mon appareil à bout de bras, l’objectif calé sur la position grand-angle. Et j’ai déclenché. Sans viser. Je n’ai pas pensé à utiliser l’écran articulé. Je ne l’utilise jamais. Pourtant dans cette situation, ça aurait été utile.