J’avais épousé l’hiver un jour de printemps.

J’ignorais, misère ! Quel serait mon tourment !

Je m’en allais, joyeuse, le sourire en chantant.



J’écoutais l’aurore s’animer d’oiseaux pépiant,

Se lever les lourdes draperies du brouillard suintant

Et le froid s’installer partout en dentelles d’argent.



Tout me semblait si beau ! Et ce parfum de liberté

M’avait donné des ailes et, sur les yeux, un bandeau serré.

Je m’enivrais de l’odeur des sapins élancés.



Bien vite, je me vis déchanter, jeune biche apeurée !

La bête aux dents acérées surgissait, affamée,

Me laissant sur le pavé, exsangue et blessée.



Mon âme, en ce temps-là, de froidure fut gelée.

Il fallut des mois, des années pour ranimer

Le bouquet de lumière de la vie retrouvée…

Valéri@ne