Pirche – Terme d’origine germanique faisant partie du jargon des pêcheurs de truites et des chasseurs dans plusieurs langues dont le français. Type de chasse ou de pêche en cheminant appelé aussi devant soi, par opposition à la battue et à l'affût. En français un terme proche est maraude. Ça pourrait aussi s’appeler en quête.
En quête ? En quête de quoi ? Que cherche t'on en chassant des images ? Et... sont-ce bien des images que l'on chasse ?

La transnationalité du terme pirche est bienvenue pour le titre de mon blog (en sommeil, je le rappelle). De leur côté mes ascendances alsaciennes en sont probablement satisfaites... ;-)

Ce qu'on ne dit pas n’existe pas.
Montrer ? Juste une une façon de parler…


La photographie per se est une chasse. Une quête. Une traque. Toujours.

Belle lumière, paysage émouvant, événement, souvenir, indignation, surprise, étonnement, beauté saisissante, expression fugitive d'un portrait en studio ou sur le vif, témoignage... Il s'agit toujours de s'approprier, de figer un instant qui disparaît au moment même où il nous est donné de le vivre. Comment le faire sans le tuer ? L'instant s'évanouit durant le clin d’œil même où on le voit, bien plus vite que de la poussière de fée ! Que cela nous plaise ou non, l'instant qu'on met en conserve dans l'image est fini, passé ! Tous les instants qu'on voit sur les photographies sont morts : ils existèrent. Pareil en vidéographie : on aura beau rembobiner frénétiquement, seul le passé se passera à l'écran.

Le photographe épingle les instants comme on épingle des papillons pour pouvoir les contempler à sa discrétion, ou comme des trophées pour pouvoir dire « je l'ai eu ! » ou... j'en ai eu plus que Tartarin. Ou de plus grosses... Ouvertement ou dans son for intérieur. L'émotion due à la beauté frôle le désir de posséder, de dominer voire de détruire. (En oubliant tout ça on accède péniblement à l'émotion artistique.)

Le chasseur d'images ne chasse pas des images, mais construit des images : c'est l'image qui est sa création. Par contre il chasse des instants de vie ou d'émotion. Des instantsdonnés dont il se saisit ! Je crois que l'image est comme le ragoût de chevreuil de l'animal chassé, c'est le produit fini que l'on montre mais celui-ci est le prétexte de la course. L'acte de photographier est ailleurs que dans l'image que l'on montre.