Au fil des jours, les déceptions s’accumulent.C’est le Festival du «fail» ou quoi? Après Gus Van Sant, Maïwenn, Joachim Trier, Jia Zhang-ke et Hou Hsiao Hsien, c’est Jacques Audiard qui nous lâche.
On misait pourtant gros sur Dheepan, son nouveau film, tourné à l’économie dans une cité de banlieue parisienne (Poissy) avec des acteurs inconnus. Après l’échec injustifié de De Rouille et d’os en 2012, ce projet-là paraissait taillé pour Cannes. Hélas! Audiard saborde ses bonnes intentions dans un final digne de Luc Besson. Rembobinons...
C’est l’histoire de Dheepan, un ancien rebelle Tamoul (Jesuthasan Antonythasan dans un rôle inspiré de sa propre expérience) qui, pour obtenir l’asile politique en Europe, se fait passer pour un père de famille fuyant la guerre civile au Sri Lanka. On lui a fourni une fausse identité, une fausse épouse Yalini (Kalieaswari Srinivasan) et une fausse fille Illayaal (Claudine Vinasithamby), recrutée à l’arrache parmi les orphelines d’un camp de réfugiés.
Arrivé en France, Dheepan trouve un travail de gardien d’immeuble dans une cité placée sous la coupe d’un gang de dealers. Cette première partie, qui décrit, sur un mode presque documentaire, le départ du Sri Lanka, leur arrivée en France, leurs efforts d’intégration et la construction d’une relation familiale qui, d’abord feinte, devient réelle, est impeccable. C’est un peu l’immigration pour les Bisounours, mais on a d’autant plus envie d’y croire que les trois acteurs sont excellents. Ca se gâte quand une guerre des gangs se déclenche dans la cité et fait resurgir les fantômes du passé dans la petite famille reconstituée.Yalini pique sa crise et veut partir en Angleterre rejoindre une cousine, on perd la trace d’Illayaal, qui s’est désolidarisée du scénario et Dheepan pète carrément les plombs. Se prenant soudain pour Rambo, le voilà qui part à l’assaut de l’immeuble investi par les gangs, armé d’un tournevis et d’une machette. On pense au film du même nom (Machette), mais l’assaut est plutôt filmé comme une production Besson. C’est déjà assez gênant, mais Audiard ne s’en tient pas là et y ajoute un happy end bien craignos.
Dans le « palmarès de l’horreur », que chaque festivalier a forcément en tête à ce stade de la compétition, Dheepan recevrait le Prix du scénario.