Valérie Donzelli joue au conte avec un scénario destiné à Truffaut et met en scène Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustiers en frère et soeur "dangerously in love"...

Dans un dortoir d'orphelinat chic, où tous les pensionnaires paraissent sortir d'une publicité Baby Dior, une gentille et jolie surveillante raconte aux enfants (pour les endormir ?) la merveilleuse histoire de Marguerite (Anaïs Demoustiers) et Julien de Ravalet (Jérémie Elkaïm), frères et soeurs fusionnels, qui se sont aimés dès leur plus tendre enfance et que leurs parents châtelains (Frédéric Pierrot et Aurelia Petit) n'ont pas réussi à séparer, à l'âge de devenir homme et femme, malgré les conseils pressants de leur oncle curé (Sami Frey), persuadé qu' "Ils sont malades. Si on ne fait rien pour eux, ils pourriront en enfer et nous aussi"...
Ainsi débute le nouveau film de Valérie Donzelli, révélée à la Quinzaine des réalisateurs en 2011 avec La Guerre est déclarée, en compétition cette année dans la cour des grands avec ce conte sur l'inceste, tiré d'un scénario écrit pour François Truffaut par son vieux complice Jean Gruault.
Dans un passé incertain et anachronique, où les voitures, les hélicoptères et les micros voisinent avec les charettes, les chevaux et les châteaux d'une vieille noblesse provinciale, l'histoire de Marguerite et Julien est contée de leur enfance à leur procès pour inceste car, comme le dit leur oncle : "Rester entre identiques conduit au chaos et à la mort".


Pop et ultra référencé
C'est long, maniéré, très peu intéressant, mais assez pop et référencé pour enflammer une partie de la critique. Truffaut et la Nouvelle Vague y côtoient Jacques Demy et les Stranglers, dans une mise en scène presqu'aussi hystérique que celle de Maïwenn (Mon Roi), en plus kitsch.
Après avoir trouvé des qualités à La Guerre est déclarée, en grande partie à cause de son sujet sensible (la maladie d'un enfant) et cordialement détesté Main dans la main (fantaisie surréaliste dans laquelle Jérémie Elkaïm se retrouvait littéralement collé à Valérie Lemercier dans une chorégraphie idiote), on ne s'attendait pas vraiment à adorer Marguerite et Julien. Confirmation : L'univers de Valérie Donzelli ( si tant est qu'elle en ait un, qui ne soit pas que du collage), nous est toujours parfaitement hermétique. Il a même fallu une solide conscience professionnelle (et la crainte de se faire lyncher par nos voisins de travée) pour aller au bout de cette vaine et laborieuse fantaisie, ni drôle, ni édifiante, dans laquelle la talentueuse Anaïs Demoustiers est allée se perdre, elle qui, jusque-là, avait fait un sans faute (Bird People, A Trois on y va, Caprice). Malgré une scène d'amour un peu leste dans un sous bois, on ne dit pas merci à Marguerite et Julien.