La forêt des songes
De : Gus Van Sant (Etats-Unis)
Avec : Matthew McConaughey, Naomi Watts, Ken Watanabe
Durée : 1h50
Sortie : 9 septembre
Qu’est-il arrivé à Gus Van Sant? Un deuil dans la famille? Une conversion tardive au bouddhisme zen? Comment expliquer que le réalisateur de Elephant (Palme d’or et Prix de la mise en scène 2003), de Paranoid Park (Prix du 60e anniversaire), d’Harvey Milk (2008) et de Will Hunting (1997) - sans même remonter aux temps immémoriaux de Drugstore Cowboy et My Own Private Idaho-, se vautre dans pareille niaiserie?
The Sea of Trees (La Forêt des songes en français : on se croirait chez Naomi Kawase) raconte l’inintéressante histoire d’un prof de physique, Arthur Brennan (insupportablement joué par Matthew McConaughey, apparemment le seul acteur disponible pour toutes les productions US de 2014-2015…), qui vient de perdre sa femme (Naomi Watts en mode zombie), avec laquelle il ne s’entendait plus (jusqu’à ce qu’on lui diagnostique une tumeur au cerveau et que la maladie ravive un peu leur amour ancien, mais on vous passe les détails, c’est déjà assez pénible comme ça). Incapable de supporter la perte de l’être cher, Arthur part pour le Japon, dans l’idée de se suicider dans la forêt d’Aokigahara, identifiée sur internet comme « l’endroit idéal pour mourir ».


« Assailli par un sentiment d’humanité »
Arrivé sur place, il ne tarde pas à se perdre (Le scénario date d’avant l’invention du GPS) et tombe sur un Japonais aussi désespéré et perdu que lui. « Assailli par un sentiment d’humanité irrépressible (là, on cite le dossier de presse parce que c’est trop beau), Arthur se porte à son secours. Alors qu’il s’était décidé à mourir, il va devoir aider un homme à survivre »
S’en suivent deux heures de « survival » sylvestre, émaillées de divagations philosophico-moralistes, au cours desquelles les deux protagonistes s’affrontent sur le thème « matérialisme dialectique contre croyance aux esprits de la forêt ».
Après la troisième chute christique d’Arthur, de dix mètres de haut dans la rocaille (même pas mal!), et son sauvetage de longue haleine par des gardes forestiers méprisant la langue de Shakespeare, ne sachant plus très bien quoi filmer, le réalisateur a l’idée d’introduire sa caméra dans la pelote de cordes que dévide le héros pour ne plus se perdre. Comme quoi c’est vraiment dans l’adversité que se révèle la plus grande créativité! À ce stade, on avait d’autres propositions à faire sur l’utilisation de la corde, mais c’est un autre problème…
Le film se termine dans la plus totale béatitude : les esprits de la forêt l’emportent sur la science et Naomi Watts ressuscite en orchidée.Ce qui n’a pas empêché la critique, apparemment hermétique à toute zénitude, de le huer copieusement en séance de presse. Gus Van Sant était déjà en errance depuis quelques films (Restless, Promised Land), mais là, on l’a vraiment perdu.