1952. Bill Rohan (Callum Turner) a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy (Caleb Landry Jones), un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley (David Thewlis). Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?


En un plan de fin sidérant de simplicité et d’intelligence, ce monument de cinéma qu’est John Boorman (81 ans) tire un trait (peut-être) définitif sur sa phénoménale carrière. De la naissance de sa vocation de cinéaste au clap de fin, il lui suffit d’une image : celle d’une caméra qui commence à tourner et s’arrête soudain dans un claquement de bobine à court de pellicule. 27 ans après Hope and Glory, qu’on pensait déjà, à l’époque, être son film « testamentaire », le réalisateur de Délivrance , La Forêt d'emeraude, Excalibur, Point de non retour et Zardoz, reprend le fil de ses souvenirs pour raconter ses années de conscription et son premier amour. Il le fait avec une telle limpidité, tant d’humour et de finesse, que Queen and Country transcende facilement les genres un peu désuets dans lesquels il s’inscrit (le film d’initiation et de caserne). Ca a l’air évident, mais il faut une vie de cinéaste pour parvenir à une telle épure.