L’annonce du décès de Robin Williams a provoqué une vive émotion dans le monde entier et notamment en France où ses films les plus célèbres (Good Morning Vietnam, Le Cercle des poètes disparus, Will Hunting, Madame Doubtfire, Jumanji…) ont connu en leur temps un grand succès. Outre son caractère prématuré (l’acteur n’avait que 63 ans) et le fait qu’elle soit due à un suicide, sa mort affecte particulièrement ceux qui ont aimé ses films, car sa personnalité se confondait, pour eux, avec celle des héros qu’il incarnait.Présentateur radio aussi drôle que plein de compassion pour les GI’s, auxquels il adressait chaque matin des messages bienveillants dans Good Morning Vietnam, professeur de lettres paternel dans Le Cercle des poètes disparus, fausse nounou attentionnée dans Madame Doubtfire, psychologue pétri d’humanité dans Will Hunting…Robin Williams savait être à la fois drôle, simple, chaleureux et émouvant.Ses principaux succès couvrent deux décennies de cinéma (les années 80-90) qui se regardent aujourd’hui avec une certaine nostalgie.

Oscarisé pour Will Hunting

Né le 21 juillet 1951 à Chicago (États-Unis), Robin Williams avait opté pour le métier de comédien, après de courtes études en sciences politiques. Ses débuts au cinéma marquèrent ceux qui ont vu à l’époque (1980) le Popeye de Robert Altman dont il interprétait le rôle-titre avec un talent burlesque éblouissant (Arte serait bien inspiré de rediffuser ce film-là pour son hommage) . Le film fit un flop, mais sa prestation lui valut d’enchaîner rapidement les rôles, notamment pour l’adaptation du roman à succès de John Irving, Le Monde selon Garp (1982), qu’il marquera encore de sa présence.C’est toutefois avec Good Morning, Vietnam de Barry Levinson (1987) qu’il connaîtra son premier véritable succès public, avant d’exploser en professeur de lettres émérite dans Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir en 1989. Personne ne récitait Walt Whitman comme lui (« Oh Capitaine, mon capitaine! »)
Plusieurs fois nommé, Robin Williams recevra finalement l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation dans Will Hunting de Gus Van Sant en 1997. La fin des années 90 marquera aussi, hélas, celle de ses grands rôles.On ne le verra plus ensuite que dans des participations savoureuses mais sans véritable envergure, comme La nuit au musée 1 et 2, où il jouait la statue équestre du Président Roosevelt (un troisième volet doit sortir dans les prochains mois). Un projet de Mrs Doubtfire 2 était en pré-production, mais a été annulé à l’annonce de sa mort. À la télévision, où il avait débuté (dans Happy Days), l’acteur a tenu en 2013 le premier rôle d’une série, The Crazy Ones, qui n’a pas connu le succès espéré et n’a pas été reconduite.
Faut-il voir dans cette relative désaffection de la profession et du public la raison de la dépression qui le rongeait? C’est possible, mais il faut aussi rappeler que Robin Williams avait aussi un long passif d’addiction à l’alcool et à la cocaïne. Selon certaines sources, il aurait été diagnostiqué bipolaire.
En interview, l’acteur était à la fois chaleureux et totalement incontrôlable, partant dans des digressions et des imitations aussi hilarantes qu’inexploitables.Elles dissimulaient sans doute, comme c’est souvent le cas chez les génies comiques de son acabit, un profond mal être. Plus que l’insuccès relatif, c’est probablement l’inactivité qui rongeait cet esprit vif et loufoque, dont on s’étonne, en le regrettant, qu’il n’ait pas réussi à s’exprimer pleinement ailleurs qu’au cinéma.