Après 10 années de baisse continue, le marché du disque a connu l’an dernier un rebond quasi miraculeux.Selon les chiffres rendus publics hier matin au Midem par le Snep (Syndicat national des éditions phonographiques) , les chiffres de ventes 2013 sont en progression... d’1%. Merci Stromae et Daft Punk !
Pas de quoi pavoiser pour autant, si l’on considère que le marché à perdu 62% de sa valeur en dix ans («Une chute sans équivalent dans aucune autre industrie» selon le président du Snep Guillaume Leblanc ) et que les revenus du numérique (qui réprésentent désormais 26% des revenus) stagnent (+0,6%). Ceux du téléchargement légal sont même en baisse (-1%), cannibalisés par le streaming, en hausse (+4%) mais moins rémunérateur...
Autre élément d’inquiétude pour les maisons de disques, le téléchargement pirate, en chute de 30% depuis l’instauration de l’Hadopi et de la risposte graduée, commence à remonter...
Quant-aux radios , qui sont toujours (devant la télé) les premières prescriptrices, elles continuent à ne programmer qu’une infime partie de la production.Pascal Nègre, patron d’Universal France, qui avait emprunté la veste et le foulard léopard de Steven Tyler pour venir au Midem, a encore regretté que les deux tiers des nouveautés programmées sur les radios «jeunes» (NRJ, Skyrock...) se concentrent sur à peine 10 titres. «On ne demande pas la lune, plaide-t-il, mais si ces radios programmaient seulement vingt nouveautés au lieu de dix dans l’année, cela permettrait à 15 artistes de plus d’exister».
Pour les y inciter, le Snep propose de limiter à 150 diffusions/an le seuil au delà duquel un titre n’entre plus dans les quotas de chanson française. Malin mais pas évident à imposer.
Faute de trouver du soutien du côté des radios, les éditeurs comptent désormais quasi exclusivement sur le streaming pour revenir à la croissance d’antan. La France compte désormais 1,5 million d’abonnés à des plateformes de diffusion de musique en ligne (Spotify, Deezer, Qobuz...).C’est un bon début, mais c’est insuffisant: « Avec 20% de la population abonnée à une plateforme de streeaming, on retrouverait les bénéfices d’avant la crise» estime Pascal Nègre.
Même si c’était le cas, il n’est pas certain que les artistes s’y retrouvent: en 2013, les revenus de la musique en ligne n’ont représenté que 3% des droits d’auteur redistribués par la Sacem.
Et les revenus du live, qui jusqu’ici compensaient un peu les pertes sur les ventes physiques, sont eux aussi rattrappés par la crise.Pour le Prodiss (syndicat des producteurs de spectacles), Jules Frutos s’inquiête du financement du Centre National des Variétés «élargi», annoncé dimanche par la Minsitre de la culture (nos éditions d’hier).Selon lui, il faudra une dotation de 95 millions d’euros pour financer les nouvelles missions du CNV. L’élargissement aux plateformes de streaming de l’assiette des taxes existantes, évoqué par Aurélie Filippetti, n’y suffira sans doute pas.
En sa qualité de président de la Cisac (Confédération internationale des sociétés d’auteurs compositeurs), Jean-Michel Jarre est particulièrement au fait du problème. Pour lui, les géants d’internet et des télecoms ne doivent pas être considérés comme des ennemis, mais comme des partenaires, avec lesquels les artistes doivent discuter directement pour créer «un véritable business model de la création»:« Nous sommes ce qu’il y a de plus smart dans les smartphones, nous existions avant l’électricité et nous existerons encore après internet» a conclu le musicien, insufflant une bouffée d’Oxygène bienvenue dans l’air quelque peu vicié de ce Midem.
Top 2013
Selon les chiffres rendus publics hier par le Snep, un seul album a dépassé le million de ventes en France (Stromae) et trois les 500000 exemplaires. Voici donc comment s’établit le Top 2013 :

Albums
1) Stromae
2) Daft Punk Random
3) Maître Gims
4) Les Enfoirés
5) Bruno Mars
6) Zaz
7 Christophe Mae
8) Génération Goldman
9) Florent Pagny
10) Robin des bois

Singles
1) «Get Lucky» (Daft Punk)
2) «Blurred Lines» (Robin Thicke)
3) «Papaoutai» (Stromae)
4) «Thrift Shop» (Mackelmore)
5) «Formidable» (Stromae)