Adapté du roman de Philippe Djian Incidences, paru en 2010, le nouveau film des frères Jean Marie et Arnaud Larrieu met en scène Mathieu Amalric dans le rôle de Marc, un professeur de littérature de l’Université de Lausanne qui vit avec sa sœur (Karin Viard) dans un chalet de montagne isolé et collectionne les aventures amoureuses avec ses étudiantes.Un matin, la dernière de ses conquêtes disparaît. Quelques jours plus tard, Marc reçoit la visite d’une belle et mystérieuse jeune femme (Maïwenn), qui se présente comme la belle-mère de la disparue et affirme être à sa recherche. Débute alors entre eux une étrange relation… De cette intrigue, les Larrieu tirent un film aussi complexe et déroutant que le roman qui l’a inspiré (l’un des meilleurs Djian depuis 37,2 le matin). Rencontrés au festival de Sarlat, où il était présenté en avant-première, les "french Coen" nous ont raconté le makin of…

Qu’est ce qui vous intéressait le plus dans le roman de Philippe Djian : l’intrigue policière ou la forme littéraire?

On aime beaucoup son style, ses phrases ciselées, plus travaillées qu’elles n’en ont l’air.On s’est d’ailleurs beaucoup amusé à les faire dire par les acteurs. Ca donne aux dialogues une élégance un peu étrange.On s’est même aperçu qu’on pouvait intégrer les passages écrits à la troisième personne dans les dialogues et on ne s’en est pas privé. L’autre raison pour laquelle nous avons choisi ce roman est qu’il se passait à la montagne…

Pourquoi avoir choisi les Alpes, plutôt que vos chères Pyrénées?

Cela faisait un moment qu’on rêvait de tourner un polar qui se passerait en Suisse.Djian, qui y a habité, nous a confirmé qu’il y pensait en écrivant le bouquin.Même si comme toujours chez lui, il n’est pas précisément localisé. Les Pyrénées, on y est nés, il y a une sorte d’intimité douce.Les Alpes sont plus menaçantes.Il y a quelque chose d’immense, qui dépasse tout.Pour aborder le domaine de la folie criminelle, c’était plus indiqué (rires).

Le paysage a toujours une grande importance dans vos films…

Oui, sauf que jusqu’à maintenant, il s’agissait plutôt de la nature.Ici, pour la première fois peut-être, on est vraiment dans le domaine du paysage.C’est d’ailleurs pourquoi l’intitulé du cours de Marc est « littérature et paysage ».C’est une des choses qu’on a ajoutées par rapport au roman.

La fin est différente aussi…
Oui.On n’avait pas envie que tout le monde meure encore, comme dans Les derniers jours du monde… (rires)

Beaucoup de références viennent à l’esprit en voyant le film. Polanski notamment.C’est voulu?
Non, c’est la faute à Amalric qui lui ressemble de plus en plus et qui venait de terminer le tournage de La Venus à la fourrure (rires). Pour tout avouer, on pensait plutôt à David Lynch quand on a commencé à réfléchir à la forme qu’on souhaitait donner au film. Polanski serait probablement allé plus dans l’horreur.Chez nous, ça reste toujours plus doux et tendre. Même quand c’est noir, comme ici.

Comment avez-vous composé le casting?

Amalric était une évidence, même si, dans le roman, le héros est un peu plus âgé. Notre deuxième idée était de confier le rôle de la sœur de Marc à Maïwenn et celui de la femme mystérieuse à Karin Viard. Mais chacune préférait le rôle de l’autre! (rires).Comme, dans le film, ce sont les femmes qui décident, on les a laissées choisir. Quant - à Sara Forestier, elle déborde du cadre.Au sens propre comme au figuré! (rires)

Vous avez déjà une idée de ce que sera votre prochain film
?
On a déjà plusieurs trucs en cours d’écriture dont un avec des femmes entre elles.C’est assez sexe et ça se passe dans la forêt (rires).