Présenté l’an dernier à Cannes en toute fin de festival, alors que le gros des troupes festivalières étaient épuisé ou déjà reparti, Mud n’a pas connu le succès espéré au palmarès, alors que son réalisateur, Jeff Nichols, avait été l’un des grandes révélations de l’édition précédente avec Take Shelter. C’est bien dommage car, de cette histoire à la Tom Sawyer & Huckleberry Finn, matinée de Stand by Me et d’Un Monde parfait, Jeff Nichols tire un film qui, s’il n’a pas l’étrangeté et la noirceur du précédent, possédait tous les atouts d’une belle palme classique. Les références à Terrence Malick, sensibles dans Take Shelter, sont moins marquées dans Mud, mais toujours bien présentes (l’un des deux jeunes héros jouait le fils de Brad Pitt dans The Tree Of Life et Nichols filme le ciel, le bayou et le fleuve avec le même talent que son modèle). Mais c’est la maîtrise et l’apparente simplicité avec laquelle le réalisateur tire les différents fils de son intrigue pour l’amener sur les rives du polar, du film noir, du mélo familial, du thriller, voire du fantastique, sans jamais y verser tout à fait, qui impressionne. De la même manière, alors que les deux garçons (Tye Sheridan et Jacob Lofland, épatants) sont les vrais héros du film, Matthew McCoghauney et Reese Witherspoon y trouvent leurs meilleurs rôles à ce jour, aux côtés du vétéran Sam Shepard (qui cabotine un peu en ancien marines) et de l’excellent Michael Shannon, rescapé de Take Shelter. Courrez voir Mud : ce sera à coup sur l’un des dix meilleurs films de l’année 2013.