Mildred et Richard Loving (Joel Edgerton, Ruth Negga) s’aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu’il est blanc et qu’elle est noire dans l’Amérique ségrégationniste de 1958. L’État de Virginie où les Loving ont décidé de s’installer les poursuit en justice: le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu’il quitte l’État. Considérant qu’il s’agit d’une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu’à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l’arrêt «Loving v. Virginia» symbolise le droit de s’aimer pour tous, sans aucune distinction d’origine.

Le nouveau film du prolifique et talentueux Jeff Nichols s’inspire de l’affaire «Loving contre Etat de Virginie» : un procès retentissant, au terme duquel un arrêt de la Cour Suprême des États-Unis a enfin rendu légaux, dans les années 60, les mariages mixtes dans les anciens états esclavagistes.
Alors qu’on pouvait redouter un biopic doublé d’un film de procès, le réalisateur de Midnight Special, Take Shelter et Mud, se joue avec maestria de tous les codes du genre pour faire de l’histoire de Mildred et Richard Loving un formidable mélo, dont l’unique ressort est le sentiment amoureux. À Cannes, où le film était en compétition (notre Palme du cœur!)certaines scènes ont tiré des larmes de joie aux festivaliers les plus endurcis. Injustement oublié par le jury sans cœur de George Miller, ce fut le film le plus applaudi du Festival 2016.
Pourtant, le réalisateur ne joue pas plus sur les cordes sensibles qu’il n’utilise les ficelles habituelles.Violences policières, manifestations de haine raciste, rébellion des intéressés, plaidoiries enflammées… Il n’y a rien de tout cela dans Loving. Juste de l’amour (comme le titre l’indique) qui déborde de l’écran. Et sa force suffit à tout bouleverser. Un formidable message pour le monde de 2017.