Deux ans après un «burn-out», Duval (François Cluzet) est toujours au chômage. Contacté par un homme d’affaire énigmatique (Denis Podalydès), il se voit proposer un travail simple et bien rémunéré: retranscrire des écoutes téléphoniques. Aux abois financièrement et avide de retrouver un travail, Duval accepte sans s’interroger sur la finalité de l’organisation qui l’emploie. Précipité malgré lui au cœur d’un complot politique, il va devoir affronter la mécanique brutale du monde souterrain des services secrets…

Voici un nom à retenir: Thomas Kruithof.Pour son premier long-métrage, ce jeune autodidacte parisien signe, avec La Mécanique de l’ombre, un film d’espionnage d’une rare maîtrise dans la mise en scène, comme dans l’écriture.C’est d’ailleurs sur la seule foi de son scénario qu’il a réussi à financer son film et à réunir devant sa caméra la crème des acteurs français.François Cluzet, qui choisit désormais avec le plus grand soin ses projets, ne s’est pas trompé en accordant sa confiance à ce débutant.La caméra de Thomas Kruithof ne le lâche pas et traque la moindre de ses expressions, dans ce personnage de taiseux sur lequel le scénario se referme peu à peu comme un étau. Sa prestation, épurée à l’extrême, pourra être étudiée dans les cours de comédie au chapitre «comment exprimer beaucoup avec le moins d’effets possible». Depuis Intouchables, Cluzet est devenu un maître en la matière. Ici, il touche carrément au génie. Face à lui, Denis Podalydès et Sami Bouajila sont au diapason. C’est un pur régal de les voir se donner la réplique et la scène finale, qui les réunit, est du grand art. Le seul défaut du film est d’être presque trop maîtrisé: il donne à première vue l’impression d’une certaine facilité, alors que tout y est calculé, pensé, millimétré.Thomas Kruithof cite Conversation Secrète de Francis Ford Coppola comme référence absolue. Il aurait pu trouver plus mauvais maître.