Après des semaines de rumeurs, de supputations, de pronostics et d'infos distillées au compte goutte, les oracles ont parlé: la sélection officielle du 64e Festival de Cannes a été rendue publique hier en fin de matinée à Paris par Gilles Jacob et Thierry Fremeaux, respectivement président et délégué général du Festival. Elle est conforme à ce qu'on en pressentait et à l'idée que le Festival se fait de sa mission, avec un mélange homogène de grands noms, de réalisateurs confirmés et de jeunes auteurs venus du monde entier. C'est aussi une sélection très francophone (9 films français, deux belges et un finlandais tourné en France, plus un hommage à Belmondo), voire Sarkophile (Carla Bruni Sarkozy en ouverture, La Conquête en séance spéciale).

Comme on s'y attendait (nos précédentes éditions), la présence américaine est importante après une année de disette: Woody Allen en ouverture, Pirates des Caraïbes 4 en promo mondiale, Jodie Foster hors compétition, Paolo Sorrentino en version US et le grand retour de Terrence Malick à Cannes où il n'est plus venu depuis son chef d’œuvre Les moissons du ciel en … 1978. Son dernier film, The Tree or Life avec Brad Pitt et Sean Penn, était déjà attendu l'an dernier sur la Croisette mais le maitre perfectionniste n'en avait pas termine le montage (passé depuis de 3 heures à 2h18). C'est donc peu dire que sa venue constitue un événement. Avec un président du jury américain et cinéphile (Robert de Niro), Malick partira même grand favori pour la Palme d'or. Ce qui ne fera probablement pas les affaires de Pedro Almodovar, souvent malchanceux à Cannes et qui s'est fait prier jusqu'au dernier moment pour présenter son nouveau film, La piel que habito, en compétition. Ni celles de Lars von Trier (Palme d'Or 2000), qui avec Melancholia espère sans doute se faire pardonner le ratage d'Antichrist. Avec Le Gamin au vélo, les frères Dardenne se tiendront, une fois de plus, en embuscade pour tirer les marrons du feu et briguer une troisième palme. Mais il faudra aussi se méfier des poids moyens (Nuri Bilge Ceylan, Kawase, Kaurismaki, Moretti, Sorrentino, Miike) et des nouveaux venus, car Cannes n’aime rien tant que les outsiders.

Alain Cavalier, Maiwenn et Bertrand Bonello conduiront quant-à eux la représentation française en espérant faire au moins aussi bien que Xavier Beauvois, Grand Prix l'an dernier pour Des hommes et des Dieux. On sait peu de choses du nouveau projet de Bertrand Bonello au titre racoleur (Souvenirs de la maison close). Thierry Fremeaux a annoncé le film d'Alain Cavalier comme « l'un des objets les plus étranges de l’histoire du festival » et celui de Maiwenn Le Besco bénéficie d'un buzz incroyablement favorable.
Tout cela laisse présager une édition riche et disputée, mais surtout moins frappée de sinistrose que la précédente. On verra même, en séance spéciale, The Artist du duo responsable de Brice de Nice et OSS 117, Michel Hazanavicius et Jean Dujardin !
"La tonalité est moins sombre, confirme en conclusion Thierry Fremeaux. On devrait presque s'amuser... Enfin n'exagérons rien !".
Plus enjoué, le Festival ne sera pas pour autant, en effet, coupé des réalités du monde. Ainsi, le cinéaste iranien persécuté Jafar Panahi devrait cette année encore avoir sa place réservée au jury (dont la composition sera annoncée la semaine prochaine), le film de la Japonaise Naomi Kawase aura forcément une résonance particulière et, faute de film arabe ou africain, l'Egypte sera le « pays invité » de l'édition.



La sélection


1715 longs métrages ont été soumis cette année au comité de sélection du festival qui en a retenu 49, représentant 33 pays. 19 participeront à la compétition, 19 autres concourront pour Un Certain Regard, les autres seront projetés hors compétition ou en séance spéciale. Voici la sélection officielle du Festival de Cannes 2011


Compétition (jury présidé par Robert de Niro) :


- La piel que habito de Pedro Almodovar (Espagne)
- L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) de Bertrand Bonello (France)
- Footnote de Joseph Cedar (Israel)
- Pater d'Alain Cavalier (France)
- Il était une fois en Anatalie de Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
- Le gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)
- Le Havre d'Aki Kaurismäki (Finlande)
- Hanezu no Tsuki de Naomi Kawase (Japon).
- Sleeping Beauty de Julia Leigh (Australie)
- We Need to Talk About Kevin de Lynne Ramsay (GB)
- Polisse de Maïwenn (France)
- The Tree of Life de Terrence Malick (USA)
- This must be the place, de Paolo Sorrentino (Italie)
- La source des femmes de Radu Mihaileanu (Roumanie)
- Habemus Papam de Nanni Moretti (Italie)
- Melancholia de Lars Von Trier (Danemark)
- Drive de Nicolas Winding Refn (Danemark)
- Michael de Markus Schleinzer (Autriche)
- Ichimei de Takashi Miike (Japon)


Hors compétition :


Midnight in Paris de Woody Allen (USA)
The Beaver, le complexe du castor de Jodie Foster (USA)
The Artist de Michel Hazanavicius (France)
Pirates des Caraïbes : La fontaine de jouvence de Rob Marshall (USA)
La Conquête de Xavier Durringer et Patrick Rotman (France)



Un Certain Regard (Jury présidé par Emir Kusturica)


Restless de Gus Van Sant
The Hunter de Bakur Bakuradze
Halt auf freier Strecke d'Andreas Dresen
Hors Satan de Bruno Dumont
Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin
Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian
Skoonheid de Oliver Hermanus
The day he arrives de Hong Sang-Soo
Bonsaï de Cristian Jimenez
Tatsumi d'Eric Khoo


Et maintenant, on va où ? de Nadine Labaki


Arirang de Kim Ki-Duk
Toomelah d'Ivan Sen
Yellow Sea de Na Hong-jin
Oslo, August 31st de Joachim Trier
L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller
Travailler fatigue de Juliana Rojas et Marco Dutra
Miss Bala de Gerardo Naranjo
Loverboy de Catalin Mitulescu



Séances spéciales
Labrador de Frederikke Aspock
Le maitre des forges de l’enfer de Rithy Panh
Michel Petrucciani de Michael Radford
Tous au Larzac de Christian Rouaud


Séances de minuit
Wu Xia de Chan Peter Ho-sun
Jours de Grâce de Tekla Taidelli