Genre roi du marché international des programmes de télévision, qui s’achève aujourd’hui à Cannes, la fiction TV s’oriente de plus en plus vers un mode de production similaire à celui des blockbusters pour le cinéma. Les budgets explosent au-delà des 20 millions de dollars, nécessitant le plus souvent des coproductions internationales, les acteurs vedettes sont débauchés à Hollywood et le tournage se fait systématiquement en langue anglaise. Les séries présentées cette année à Cannes illustrent parfaitement ce phénomène et y ajoutent un penchant très net pour la fiction historique depuis les succès de Rome et des Tudors.

Pas de la camelote

Camelot, nouvelle relecture de la légende du Roi Arthur avec Eva Green, Joseph Fiennes et Jamie Campbell Bower a fait l’événement sur la Croisette, grâce à la présence de ses trois acteurs vedettes et à la projection en avant-première des deux premiers épisodes dans le grand auditorium du Palais des Festivals.Cette série dramatique de 10 X 52’, dont la diffusion a commencé aux États-Unis sur la chaîne câblée Starz, a été écrite par Chris Chibnall (Life on Mars, Torchwood) et Michael Hist (Tudors) pour le pilote. Tournée en Irlande avec un budget visiblement conséquent (on parle de 50M$), elle mêle habilement les ingrédients de sexe, de fantastique, d’histoire et de violence, qui ont fait le succès des Tudors ou de Spartacus. M6 et TF1 se disputent les droits de diffusion pour la France.

Borgia(s)
Autre grosse sensation des previews cannoises, le Borgia de Canal Plus International. Un 12 X52’ qui a bénéficié du plus gros budget jamais réuni pour une fiction TV européenne : 34 M$! Olivier Hirchbiegel (La Chute) et Philippe Haïm (Secret Defense) sont à la réalisation de cette série qui pourrait s’articuler sur cinq saisons et que Canal prévoit de diffuser cet automne. Elle sera, hélas, en concurrence à l’international avec l’autre Borgias (avec un s), imaginée par Neil Jordan (The Crying Game) et l’incontournable Michael Hirst (Tudors). Une production Canado-Irlando-Hongroise de 45M$.
Toujours dans les séries historiques, signalons un très audacieux Ben-Hur de 4X52’ réalisé par Steve Shill (Rome, Tudors, Dexter) pour 22M$, avec Joseph Morgan dans le rôle titre, Emily VanCamp et Stephen Campbell Moore (prochainement sur ABC), une probable suite des Piliers de la terre, saga médiévale tirée du best-seller de Ken Follett déjà diffusée sur Canal + (et bientôt sur France 3) qui a bénéficié de l’appui des frères Scott, Ridley et Tony (titre provisoire World Without End), un Titanic de 4X60’ écrit par Julian Fellowes pour les studios ITV (sortie prévue en 2012) et un énooorme Moby Dick germano-canadien, dont les vedettes seront Ethan Hawke et William Hurt.

Le polar aussi
Après la fiction historique, le polar demeure le genre préféré du marché cannois. Les beaux mecs, actuellement diffusés sur France 2, y ont fait des débuts prometteurs sous le titre de Tony’s Revenge, aux côtés d’un 12X52’ tiré de la trilogie à succès imaginée parLuc Besson Le transporteur (hélas sans Jason Statham) et de productions anglo saxonnes ou nordiques comme Wallander (d’après Henning Mankell), Zen (d’après Michael Dibdin), Babylon ou Torchwood : le jour du miracle, 4e saison en dix épisodes du fameux spin off de Doctor Who, pour lequel Bill Pullman (Lost Highway, Independence Day) avait fait spécialement le déplacement sur la Croisette.