Les célèbres yeux violets qui ont fait sa légende se sont fermés pour la dernière fois hier vers midi, à l’hôpital Cedars Sinaï de Los Angeles, où elle était hospitalisée depuis six semaines pour insuffisance cardiaque. Elisabeth Taylor est morte- « paisiblement et entourée de ses enfants » précise son agent-, et avec elle c’est la dernière star de l’âge d’or d’Hollywood qui disparaît. Sa carrière, débutée à l’âge de dix ans, balaie cinq décennies, couronnée de deux Oscars et ponctuée de films devenus, au fil des ans, des classiques du cinéma hollywoodien. Sa célébrité planétaire et les frasques d’une vie privée tumultueuse renvoient celles des actuels « bad boys » et « bad girls » d’Hollywood au rang d’insignifiantes peccadilles. C’est pourtant pour son combat contre le Sida que l’on se souviendra d’elle, notamment à Cannes, où elle animait chaque année pendant le festival le gala de charité de l’amfAR (american fondation for Aids Research) qu’elle avait lancé après la mort de son ami Rock Hudson.
Enfant star
Née en 1932 à Hampstead en Angleterre de parents américains originaires du Missouri, Liz Taylor a été une des premières « enfants star » d’Hollywood. Elle débute à l’âge de dix ans dans le film There’s One Born Every Minute et obtient un premier rôle à 12 ans dans National Velvet (1944) où elle joue aux côtés des Mickey Rooney. Après être passée par l’incontournable Actor’s Studio, elle tourne Une Place au Soleil de George Steven avec Montgomery Clift.Le film est sélectionné au Festival de Cannes en 1951.C’est Bette Davis qui remporte le prix féminin (Pour All About Eve), mais les yeux violets et les formes explosives de la jeune actrice ont déjà conquis le monde. En 1956, elle joue dans Géant avec James Dean et Rock Hudson, avec lequel elle se lie d’une grande amitié. Mais ce sont deux films tirés de pièces à succès de Tennesse Williams, La Chatte sur un toit brûlant (1956) et Soudain l’été dernier (1957), où sa sensualité crêve littéralement l’écran, qui en font une star internationale. Elle obtient un premier Oscar en 1960 pour son rôle dans Vénus au vison.Elle en décrochera un second six ans plus tard avec Qui a peur de Virginia Woolf?Elle tourne aussi, en 1967, dans le chef-d’œuvre de John Huston, Reflets dans un œil d’or (Marlon Brando est son partenaire) et fait merveille dans La Mégère apprivoisée de Franco Zeffirelli.
Le rôle de sa vie
Pourtant, le rôle de sa vie reste celui de Cléopâtre, dans le péplum éponyme de Joseph LMankiewicz, qu’elle tourne en 1963 et pour lequel elle obtient le cachet pharaonique (pour l’époque) de deux millions de dollars. Sa liaison avec Richard Burton,qui joue César, est un tel scandale (ils sont tous les deux déjà mariés) que le film manque d’être interrompu.Même le Pape s’en émeut! Le couple est harcelé par la presse et les paparazzi traquent le couple sans relâche. Les deux acteurs vivront une histoire d’amour destructrice et passionnée qui ne se terminera qu’en 1976 par un deuxième divorce après un deuxième mariage.
Considérée comme l’une des trois plus belles femmes du monde (avec Sophia Loren et Brigitte Bardot) mais parfaite incarnation de la diva hollywoodienne, inconstante et passionnée, Liz Taylor volera de bras en bras, se mariant huit fois, ayant de nombreux amants (parmi lesquels Franck Sinatra) et sombrant peu à peu dans la dépendance aux médicaments et à l’alcool.
Combat contre la maladie
Dans les années 80, alors que sa carrière bat de l’aile et que sa vie privée n’intéresse plus guère les gazettes, l’épidémie de Sida et la mort de son ami Rock Hudson lui fourniront l’occasion d’une rédemption comme les aime Hollywood.Elle se lance à corps perdu dans la lutte contre le Sida et récolte sans relâche des fonds pour l’amfAR.En 1999 on estimait qu’elle avait contribué à récolter plus de 50 millions de dollars pour financer la recherche contre le Sida. C’est à Cannes, où se tient chaque année, à l’occasion du Festival, le gala de la fondation, que les amis de la star ont souvent été les plus généreux. Liz Taylor a animé le gala jusqu’en 2004, avant de passer le relais à Sharon Stone, à cause de ses graves problèmes de santé. Frappée d’insuffisance cardiaque et d’ostéoporose, cette femme animée d’une formidable énergie vitale a survécu à deux pneumonies, un cancer de la peau et une tumeur du cerveau, avant de succomber hier, en quelque sorte, par où elle avait pêché. Son cœur d’insatiable amoureuse s’est arrêté, mais sa légende ne fait que commencer.