Alors que la seconde guerre mondiale va se déclarer, le Roi d’Angleterre meurt et son fils aîné Edouard (Guy Pearce) doit lui succéder. Mais son amour pour une Américaine divorcée, qu’il souhaite épouser, l’oblige à abdiquer en faveur de son frère George (Colin Firth). Affublé d’un redoutable bégaiement, celui – ci va devoir prononcer des discours importants et – pire- parler à la radio. Après avoir essayé toutes les thérapies existantes pour surmonter son handicap, le futur Roi George VI se laisse convaincre par son épouse Elisabeth (Helena Bonham Carter) de tenter un dernier essai avec, Lionel Logue (Geoffrey Rush), un obscur thérapeute aux méthodes peu conventionnelles. Rétif au départ à se laisser appeler Bertie par ce roturier même pas médecin, George va finir par accepter ses idées originales et fera, grâce à lui, des progrès stupéfiants. Mais parviendra-t-il à prononcer, en direct sur la BBC, LE discours de son règne : celui de la déclaration de guerre à l’Allemagne?

Comme il y a chez les étudiants des « bêtes à concours », il y a parmi les productions cinématographiques de véritables « bêtes à Oscars ». On les distingue généralement par la noblesse de leur sujet, la qualité de l’interprétation, la finesse des dialogues et l’emphase de la mise en scène. Le Discours d’un roi, avec ses 12 nominations aux Oscars, appartient clairement à cette catégorie. Tout ici hurle « ATTENTION : GRAND FILM HISTORIQUE!!! ». Tombé, par hasard, en possession du texte d’une pièce de théâtre indépendant, le réalisateur Tom Hooper, que sa carrière de téléaste ne prédisposait guère à pareille promotion, a sans doute cru trouver le Saint Graal. Il semble constamment filmer au bord des larmes, en soufflant aux spectateurs : Regardez comme mon film est noble et beau! Ecoutez comme les dialogues sont ciselés! Admirez la performance shakespearienne de mes acteurs! Visez un peu la qualité de la reconstitution historique! ».
Et c’est vrai que, tout dans tout, Le Discours d’un roi est probablement le plus « beau » film de ce début d’année. Celui dont on sortira en disant : « Ca, c’est du cinéma! », en insistant sur les sifflantes. Sur le dernier point cependant - celui de la reconstitution historique-, on se permettra néanmoins quelques réserves. Tout à son hagiographie du bon roi George VI (père de l’actuelle reine Elisabeth), Tom Hooper passe un peu rapidement sur les atermoiements du gouvernement britannique et de Winston Churchill (présenté comme son meilleur soutien parlementaire et plus avisé conseiller), vis-à-vis d’Hitler. Pour que l’Histoire ne bégaie pas (elle aussi), il serait peut-être bon de ne pas la travestir.