C'est peu dire que le nouveau Tarantino était attendu à Cannes, y compris au tournant, après la grosse déception du Boulevard de la mort, il y a deux ans.
Annoncé en compétition depuis l'été dernier (8 mois avant la publication de la sélection, un record), Inglorious Basterds va diviser la critique et les fans du réalisateur américain.
À en croire Tarantino lui -même, Inglorious Basterds devait être « film de guerre revu en western spaghetti ». Programme alléchant, mais trompeur. Seule la première partie s'y conforme, en effet, avec une ouverture directement inspirée d'Il était une fois dans l'Ouest, dans laquelle un officier nazi (Christoph Waltz, véritable révélation du film) débarque dans une ferme française pour chercher les juifs qui s'y cachent. La présentation des « Inglorious Basterds » (commando de soldats juifs américains transformés en tueurs de nazis) est, elle, empruntée au film éponyme d'Enzo Castellari daté de 1978. Jusque-là tout va bien.
Par la suite, Tarantino revient à une forme beaucoup plus classique pour raconter la vengeance de la seule survivante du massacre initial (Mélanie Laurent, très à son avantage), devenue propriétaire à Paris d'un cinéma, dans lequel Goebbels veut organiser une projection en présence du Fuhrer, et le complot des « basterds » pour tuer Hitler pendant la séance.
Divisé en cinq chapitres, le film passe ainsi successivement d' Il était une fois dans l'ouest de la France occupée aux 12 Salop(e)rds, puis à Quentin fait de la résistance, pour finir sur La Dernière Séance.
Un parcours en montagnes russes, avec des hauts (la présentation des « basterds », avec un Brad Pitt exceptionnel en parodie de Lee Marvin) et des bas (la très longue et très inutile scène dite de « La Louisiane », où les conjurés sont obligés de jouer aux devinettes avec des nazis), des accès de violence soudains (mitraillages et prises de scalps) et de longues séquences de parlotte (le péché mignon de Quentin).
On ne s'ennuie jamais, bien que le film dure plus de deux heures trente, mais on ne grimpe pas au rideau non plus.
Copie moyenne donc, et un peu hors sujet, puisque les « basterds » sont sacrifiés au profit d'une parabole sur le cinéma qui peut sauver le monde. Mais on a assezdit que les films de Quentin Tarantino manquaient de fond pour , cette fois, le lui reprocher.