Ne me demandez pas si je préfère les photos en pleine nature ou les photos d'animaux dans les zoo ou les parcs. Ma réponse serait immédiate : "je préfère les photos de pleine nature". Alors pourquoi organiser une sortie brame au parc de Ste CROIX à Rhodes (57) avec les bronzés ?

Pour plusieurs bonnes raisons : pour prendre de bonnes photos de brame en pleine nature il faut préparer un affut à l'avance, avec soin. Il faut être discret sur la sortie, rester silencieux pendant l'attente et avoir énormément de réussite. J'admire vraiment Lilian Lemonnier, Françoise Delestrade et les autres rapporteurs d'images "pleine nature" du brâme.

Pour réaliser une sortie "pleine nature" avec les bronzés, c'est impossible, croyez moi. Trop de franches rigolades, trop de bruits, trop d'improvisations. Laissez moi vous raconter la dernière sortie au parc de Ste Croix.

Le parc de Ste CROIX est un parc animalier vraiment accessible à tous. Il se situe en Lorraine à la frontière avec l'Alsace. Il y est agréable de s'y promener, de s'éduquer sans prétention à la nature et de voir de près les animaux qui peuplent nos forêts. On y voit également quelques animaux de contrées plus lointaines. Ce parc se caractérise par la présence d'un grand espace réservé aux cerfs et aux biches. C'est un des dix meilleurs sites d'observation du brame en France. Une occasion en or pour organiser une sortie des bronzés.

Nous nous étions donné rendez-vous la veille dans un domaine près de Rhodes, une ferme du XIXème sciècle bien entretenue et où l'acceuil est très sympa. Après avoir réparti les chambres, les hôtes conseillent Steph et Soso, arrivés les premiers, sur les restaurants ouverts en cette saison. Pour cette première soirée, notre choix se porte pour le restaurant de Languimbert où le Chef cuisinier, Bruno Poiré (jeune talent de Lorraine 2007) a obtenu une étoile au guide Michelin en 2009. Nos hôtes disposent de la carte des menus de ce restaurant. Les menus "Plaisirs" et "Clin d'oeil" sont des appels aux sens. Nous nous décidons d'appeler le restaurant pour la réservation. Le numéro se trouve au dos de la carte.

J'appelle "... biiiip ... biiiip ... biiiip..." pas de réponse "... Biiiip ... biiiiip .... vous êtes sur la messagerie de l'imprimerie de moselle. Merci de laisser un message après le bip sonore ...". Grands éclats de rires dans la salle. Les bronzés ont encore frappé. Le numéro au dos de la carte n'est pas celui du resto, vous l'aurez deviné, c'est celui de l'imprimeur. Nous sommes tous morts de rire. Difficile de commencer notre séjour dans une meilleure ambiance que celle là.

Le repas exigerait un post à lui tout seul tant l'accueil était bon, la cuisine merveilleuse, la présentation des plats d'un rafinement inhabituel et les desserts pétillants. Si vous passez pas loin de Languimbert faites, sans hésiter, le détour. Ne regardez pas le prix, il n'est pas à la hauteur de la prestation servie.

Le lendemain, levée de bonne heure pour rejoindre le parc dès 7 heures. Nous avons rendez-vous avec Denis Gluziki devant le parc. Le temps de sortir le matériel des coffres, les grilles du parc ouvrent. Les photographes déjà présents s'engouffrent vers l'accueil. Il reste deux personnes à l'extérieur. Elles discutent entre-elles. Denis ne semble pas arrivé. Nous l'attendons donc à l'extérieur. Une voiture arrive. elle est immatriculée dans la région. Celà ne peut être que Denis. Je m'approche de la personne qui descend de son véhicule. Je m'aventure :

- Denis ?
- Oui c'est moi.
- Heureux de te rencontrer, Denis, je te présente Stéphane, Sophie, Françoise, Laurent un copain qui n'est pas encore sur ipernity.

Nous nous dirigeons, au complêt, vers l'accueil. Il reste encore quelques personnes qui font la queue.

Le dernier de la file nous interroge :
- Vous êtes les bronzés ?

Les bronzés se regardent dans les yeux, étonnés. Je réponds :

- Heu, oui, nous sommes les bronzés. Vous êtes ...
- Denis Gluziki.

Second grand fou rire. Le premier Denis n'était pas le bon. La seconde journée commençait bien ...

Nous rentrons dans le parc. Un garde nous conseille le trajet bleu, celui qui mène au sous bois. Le soleil n'est pas encore levé. La lumière est blanche et brumeuse. Nous apercevons les premières bêtes entre deux arbres. Les premiers brames résonnent. Les photographes restent silencieux ou parlent à voix chuchotée. La peur de déranger, de voir fuir le gibier. Trop l'habitude de la nature en somme.

Un gardien du parc s'approche. Il nous conseille de nous poster plus loin : "Le lever du soleil, c'est là bas". Puis il s'enhardit, parle haut, conseille les photographes de le suivre. La troupe se déplace d'un coup. Les animaux ont beau être habitués à la présence de l'homme ce mouvement les effrait. Ils quittent le pré pour se mettre à couvert dans une forêt qui, à cette heure, semble noire et où nous n'avons pas le droit de pénétrer. Plus rien à photographier. Heureusement la lumière est peu présente et les photos prises auraient été très bruitée. Rien de vraiment réalisable. Ce n'est qu'après huit heures du matin que les animaux reviendrons sur le pré. Denis se postera devant le bois. Il a repéré que le plus bel animal n'est pas encore passé.

La journée se passe agréablement, les animaux ne font pas attention à nous, trop occupés à garder, pour les plus chanceux, les biches de la harde, pour les autres à attendre une faille du maître des lieux pour essayer de séduire une belle du troupeau.

Le soleil est derrière les nuages jusqu'au soir. Nous remplissons nos cartes mémoire de cerfs, de biches mais aussi d'autres animaux du parc, cormorans, ours, canards amoureux, marcassins, loups, etc. Deux cigognes nous feront le spectacle. Elles passent devant les cerfs et repassent. Les cerfs ne relèvent même pas la tête. Elles sont pourtant tellement belles.

Lorsque nous décidons de partir le soleil nous fait un clin d'oeil et nous resterons avec lui quelque temps encore avant de quitter le parc, épuisés et les yeux emplis de merveilles. Un spectacle tellement difficile à voir en nature vraie que nous en aprécions que plus intensément les instants vécus lors de cette journée.

Nous passerons la soirée dans un restaurant plus traditionnel que le premier. Le repas sera léger, salade et soupe pour les uns, omelette pour les autres. Nous retournons à la ferme pour la nuit. Nous comptons les biches et les cerfs qui passent encore devant nos yeux fermés et nous nous endormons.

Sur le chemin du retour, près de St Dizier des panneaux nous indiquent la direction du lac du Der. Dans le ciel quelques grues passent en vol groupé. Ne serait ce pas le signe d'une prochaine sortie des bronzés ?

Les photos de cette sortie se trouvent chez :
Françoise Delestrade
Steph et Soso
Denis Gluziki
Alain Gobert