Or l'espéranto n'a jamais eu pour vocation de devenir langue unique.
C'est précisément l'anglais qui s'installe dans ce rôle avec des complicités. Tout se passe comme prévu lors d'une conférence tenue secrète qui eut lieu le 30 juin 1961 à Cambridge entre les États-Unis et la Grande-Bretagne : voir à ce sujet les écrits du professeur Robert Phillipson, en particulier ses ouvrages "Linguistic Imperialism" (1992), "Linguistic Imperialism Continued" (2010) et "English-Only Europe?: Challenging Language Policy“ (2003, traduit et publié en espéranto en 2004 : “Ĉu nur-angla Eŭropo? Defio al lingva politiko“).
Quant à mettre l'espéranto et le globish sur le même plan, c'est le comble du ridicule, c'est ce qui s'appelle miser sur l'ignorance du public — une ignorance entretenue avec beaucoup d'efficacité — car, contrairement au globish, l'espéranto ne sert pas de tremplin exclusivement au tout-anglais mais à toutes les langues du fait de sa structure et de l'internationalité de ses racines, ce à quoi s'ajoute l'idéal qui est sa raison d'être.

Il ne peut pas y avoir d'impérialisme de l'espéranto puisque c'est une démarche désintéressée derrière laquelle il n'y a aucun État, aucune religion, aucune puissance d'argent. Ce qui peut être sa faiblesse peut devenir sa force. Les entraves à sa diffusion, à l'information, à son enseignement sont des murs de la honte à démolir.

C'est tout de même dommage d'être obligé d'utiliser l'anglais, ou plutôt l'américain, pour découvrir une présentation objective de la vocation de l'espéranto grâce à Esther Schor, professeure d'anglais à l'Université de Princeton (et qui est passée par Yale !), qui a écrit en page 5 de son ouvrage "Bridge of Words: Esperanto and the Dream of a Universal Language" (Pont de mots: l'espéranto et le rêve d'une langue universelle" :






"La «langue internationale», comme l'appelait initialement Zamenhof, a été conçue non pas pour remplacer les langues nationales mais pour être une seconde langue pour le monde. Tandis que les langues véhiculaires précédentes, comme le grec, le latin et le français, étaient le fruit d'empires, Zamenhof a inventé une langue qui engagerait ses utilisateurs à transcender le nationalisme. Libéré de l'identité impériale ou nationale, l'espéranto ne servirait ni dogme, ni nationalisme, ni armes, ni argent, seulement la conscience et la raison de ses utilisateurs déterminés à devenir un meilleur peuple de l'avenir. Peut-être qu'aucun rêve de ce siècle n'était plus chimérique, hormis l'autre rêve de Zamenhof : que les êtres humains, décennie après décennie, choisissent cet héritage, le chérissent et étendent sa portée expressive. Et pourtant, depuis plus d'un siècle et sur six continents, les gens ont fait ce choix et continuent de le faire.









Un peu d'anglais pour finir :

“This is an apologia for English at all costs. The language is all that any human can need so as to understand the past or face the future. If Ministries of Education fail to appreciate this universal truth, because they are blinkered by 'nationalism', it is the duty of the core English-speaking representatives to override them. When the imposition of English thought processes has been effectuated, these hindrances to the 'hopes for English as a second language’ will no longer exist.“

Linguistic Imperialism“, Prof. Robert Phillipson
Oxford University Press.1992. p. 167

FRANÇAIS
“C’est une apologie pour l'anglais à tout prix. La langue est tout ce dont n'importe quel homme peut avoir besoin pour comprendre le passé ou faire face à l'avenir. Si des ministères de l'éducation ne parviennent pas à apprécier cette vérité universelle, parce qu'ils sont aveuglés par le « nationalisme », le devoir des principaux représentants anglophones est de les remplacer. Lorsque l'imposition des processus de pensée anglais aura été effectuée, ces entraves aux « espoirs pour l'anglais comme deuxième langue » n'existeront déjà plus.

ESPÉRANTO
“Tio estas apologio por la angla ĉiakoste. La lingvo estas ĉio, kion iu ajn homo povas bezoni por kompreni la pasintecon aŭ alfronti la estontecon. Se ministerioj pri edukado malsukcesas aprezi ĉi tiun universalan veron, ĉar ili estas blindigitaj pro « naciismo », estas la devo de la kerno de anglalingvaj reprezentantoj anstataŭigi ilin. Kiam la altrudo de anglaj pensprocezoj estos efektivigita, tiuj malhelpoj al la "espero por la angla kiel dua lingvo" jam ne plu ekzistos.“

Cette déclaration de Claude Allègre à La Rochelle, en 1997, est -elle déjà oubliée ? :
Les Français doivent cesser de considérer l'anglais comme une langue étrangère .

Vingt ans après, le français devient de plus en plus une langue étrangère à la France et aux pays francophones.