Mes parents (Karnauch-Phil Baron, choeurs, Aurélia)

Mes Parents


Plus tard, bien plus tard, j'ai découvert sur moi les marques visibles
Laissées par les horribles vieillards
Venus du fond
De la Transylvanie
Certains les avaient nommés
Les liquidateurs
Ca s'était passé un soir de décembre
Au fond de la vaste demeure où je m'étais retrouvé seul
Je ne savais que faire, alors j'avais remonté mes draps
Mes parents avaient disparu... ils ne sont jamais revenus
Lors j'étais comme un orphelin
Un lion de parade
J'essayais de me défendre
Mais je ne comprenais pas pourquoi je devais mener ces étranges combats
Quand je suis sorti dans le parc je me sentais fatigué
Je les ai vus tous deux
Diriger leurs regards vers moi
Ils étaient courbés un peu égarés
Moins perdus que moi cependant
Ils se relevèrent rosissant lentement
Comme s'ils avaient été régénérés
Rajeunissant comme à l'époque
Où je ne les connaissais pas
Je compris brusquement...
Ils venaient du fond
De la Transylvanie
Je me rappelais ce pays
Ils m'appelèrent fiston
"Qu'est-ce que tu fais, fiston, à cette heure-là, tu n'es pas couché?"
et puis ils repartirent sous la lune froide
Avec au fond de leurs être mon pauv' esprit malade, ma substance qui coulait à travers leurs veines
Ma mémoire gueulait tout bas comme une mouche que déchiquetait
Un iris vorace
Une plante carnivore...
Et dans le noir de leurs yeux fermés,
Ils avaient commencé de s'embrasser J'entendais venir l'étreinte qui allait m'engendrer
Des coups de boutoir accompagnés de mots doux d'un grotesque achevé
Je ne voulais pas... vous comprenez bien.. ce qu'ils souhaitaient vraiment, je savais que c'était...
Vous comprenez... rien à voir, en fait, avec l'envie de pouponner...
Ils allaient me ligoter au fond de la cave, ils allaient me nourrir, me regarder grossir, je savais tout cela
Mais personne n'entendait
Mes cris assourdis au fond de leurs corps qui continuaient de s'agiter
(Karnauch-Phil Baron)